L'OMS craint qu'à terme la propagation du H5N1 affecte la santé humaine, bien que, pour l'instant, les cas de grippe aviaire chez l'être humain sont encore rares.
En Europe, la situation est "très calme". "Il n'y a pas de motif d'inquiétude à court terme en Europe", rassure Jean-Luc Guerin, professeur à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, au micro de la RTS. "Les virus qui ont infecté des centaines de personnes en Asie ne sont pas ceux qui circulent en Europe et qui ont contaminé les bovins aux Etats-Unis."
>> Pour en savoir plus, lire : Aux Etats-Unis, des traces inactives de virus H5N1 détectées dans le lait pasteurisé et Découverte inédite de cas de grippe aviaire chez des vaches laitières aux Etats-Unis
Face à la découverte de traces du virus dans le lait de certaines vaches dans ce pays, l'OMS recommande désormais la consommation de lait pasteurisé et renforce sa surveillance. Elle demande aux autorités sanitaires à travers le monde d'avoir plus de vigilance quant à la détection des nouveaux cas.
>> Relire : Les cantons prennent des mesures face au risque de grippe aviaire
Le danger d'une potentielle adaptation du virus à l'être humain
Celui qui est aussi directeur d’un laboratoire INRAE (recherches pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) indique que l'alerte de l'OMS est motivée par "une inquiétude globale, et en particulier les événements aux Etats-Unis, qui pourraient laisser craindre une adaptation du virus aux mammifères".
Il souligne que pour que le virus s'adapte, "il faudrait une accumulation de mutations, peut-être liée à des phénomènes de mélanges de gênes". D'où l'importance de surveiller les porcs. "Ils peuvent être à la fois contaminés par des virus très proches de ceux des humains et par ceux très proches des aviaires."
"Ceci dit, aujourd'hui, la bonne nouvelle est que les virus de type H5 sont peu efficaces chez le porc. Donc, on est dans un phénomène dans lequel, jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'adaptation marquée et inquiétante à court terme pour l'homme", relativise l'invité de la RTS.
Les personnes travaillant dans l'élevage de bovins en Suisse veulent aussi rassurer: "Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'être alarmiste (...) On ne parle pas d'une diffusion du virus à large échelle sur les vaches laitières", indique Boris Beuret, éleveur jurassien et président des producteurs suisses de lait. D'autant qu'en Suisse, "on a des mesures qui ont déjà été prises ces dernières années."
La surveillance est importante
Jean-Luc Guerin estime cependant que "l'OMS a raison de tirer la sonnette d'alarme" car "il faut surveiller ces virus en permanence". Il insiste sur la "détection des cas pour pouvoir, en cas d'émergence chez les oiseaux, circonscrire la circulation virale. Il faut assurer la surveillance et, dans les situations à haut risque, la vaccination des volailles. Elle est mise en œuvre en France (...) Ce sont des mesures de bon sens qui s'appliquent pour les éleveurs de volailles et on voit qu'aucune espèce animale n'est à l'abri".
La priorité, selon ce professeur, n'est pas de travailler sur un vaccin, mais plutôt de "travailler sur le réservoir animal", donc "en amont, en prévention". Un développement vaccin "pourrait se faire assez rapidement", note-t-il en citant celui qui est utilisé pour combattre la grippe saisonnière, "puisque ce sont des vaccins bien connus, contre lesquels il y a des technologies qui existent".
Sujet et interview radio: Valérie Hauert et Sophie Iselin
Adaptation web: Julie Marty