Paul Watson, célèbre militant écologiste opposé à la chasse à la baleine, arrêté au Groenland
Paul Watson a été appréhendé sur son navire qui venait d'accoster dimanche à Nuuk, capitale du Groenland, pour se ravitailler en carburant en vue d'"intercepter" le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord, a indiqué la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF) dans un communiqué.
La vidéo publiée par la Fondation CPWF sur les médias sociaux montre des officiers menottant Paul Watson sur le pont du navire John Paul DeJoria, le plaçant ensuite à l'intérieur d'une camionnette de police avant de l'emmener. Il a ensuite été présenté à un juge qui a statué sur son placement en détention jusqu'à ce qu'une décision soit prise quant à son extradition vers le Japon, a indiqué la police du Groenland.
Le tribunal de district de Nuuk "a décidé que Paul Watson serait détenu jusqu'au 15 août et la décision a fait l'objet d'un appel devant la Haute Cour du Groenland", a indiqué le juge du tribunal du Groenland.
"Le mandat d'arrêt japonais est illégal", selon son avocat
La décision d'extrader ou non le militant reviendra in fine au ministère danois de la Justice, selon le communiqué de la police. "Le mandat d'arrêt japonais est illégal. Il viole tous les traités internationaux sur les droits de l'homme", a estimé l'un de ses avocats, jugeant qu'en cas d'extradition, le Danemark "violerait sa propre constitution et la Convention européenne des droits de l'homme".
Paul Watson a fondé les organisations Sea Shepherd et CPWF et a suscité la controverse avec sa tactique de confrontation directe avec des navires baleiniers en mer. Selon CPWF, il a été arrêté sur la base d'une notice rouge d'Interpol, pour d'anciennes actions dans l'Antarctique, qui avait disparu, laissant croire qu'elle avait été retirée. "Il semble que le Japon ait rendu la notice confidentielle afin de faciliter le voyage de Paul dans le but de procéder à une arrestation", constate la fondation. Celle-ci estime que la réactivation de la notice est "politiquement motivée, coïncidant avec le lancement du nouveau navire-usine".
Le Japon défend ses intérêts
Le gouvernement japonais n'a pas réagi à cette arrestation. Les gardes-côtes japonais ont eux dit vouloir continuer à "prendre les mesures appropriées en coordination avec les entités concernées". Ils disent défendre la chasse à la baleine en affirmant qu'elle constitue une question de "sécurité alimentaire" dans ce pays pauvre en ressources, qui importe de grandes quantités de viande animale.
Le Japon est, avec la Norvège et l'Islande, l'un des trois derniers pays au monde qui pratique encore la chasse commerciale à la baleine. Mais sa consommation est tombée à environ 2000 tonnes par an, alors qu'elle était 200 fois supérieure dans les années 1960.
Le Japon a quitté en 2019 la Commission baleinière internationale pour s'affranchir d'un moratoire mondial sur la chasse aux baleines. Il pêche ainsi de nouveau la baleine ouvertement pour des raisons commerciales, mais en se cantonnant à son propre espace maritime.
ats/git
"Tout est scandaleux dans cette histoire", selon Hugo Clément
L’arrestation de Paul Watson a provoqué une onde de choc à l’échelle internationale. Le journaliste, influenceur et militant pour la cause animale Hugo Clément a signé une tribune qui demande à Emmanuel Macron d'intervenir pour œuvrer à sa libération.
Invité mercredi dans l’émission Forum de la RTS, Hugo Clément a exprimé son indignation face à cette arrestation. Selon lui, un piège a été tendu à Paul Watson par les autorités danoises. "C’est scandaleux d’arrêter un homme qui a consacré sa vie à la protection des baleines, alors qu’en face, nous avons des pays, des Etats voyous, qui ne respectent pas la loi. Je rappelle que la chasse à la baleine est interdite au niveau international depuis 1986", explique-t-il.
Il affirme que "tout est scandaleux dans cette histoire" qui, selon lui, suscite une importante mobilisation citoyenne non seulement en France, mais aussi dans le monde entier. Il se pose également la question de ce qui est considéré comme criminel: "Est-ce criminel de tuer des baleines, ou bien d’empêcher de les tuer? C’est là toute la question dans cette affaire", estime-t-il.