L'opération de retombée sur notre planète, assez rare à l'ESA, a débuté en 2011 pour éviter qu'une destruction accidentelle de cet objet en orbite ne disperse des débris dangereux pour les satellites actifs et la Station spatiale internationale (ISS).
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Le Centre européen des opérations spatiales (ESOC) de l'ESA prévoit la réentrée finale du satellite dans les couches basses de l'atmosphère pour mercredi à 12h14, avec une marge d'incertitude de plus ou moins quinze heures.
>> Galerie photo de la réentrée dans l'atmosphère de l'European Remote Sensing 2 (ERS-2):
Cette marge – qui était encore de plus ou moins 48 heures il y a une semaine – s'explique par le fait que l'engin tombe naturellement, par la seule force de la gravité, et non pas de façon dirigée. Il traverse ainsi des couches supérieures de l'atmosphère qui freinent plus ou moins sa descente et rendent aussi difficile une prévision de l'endroit où pourraient tomber certains de ses débris.
L'essentiel des 2,3 tonnes de l'ERS-2 doit se consumer quand il atteindra les couches basses de l'atmosphère, à environ 80 kilomètres d'altitude: "On estime que le plus gros fragment du satellite pouvant rejoindre le sol fait 52 kilos", a déclaré la semaine dernière Henri Laur, de la direction d'observation de la Terre à l'ESA.
La probabilité qu'un de ces débris frappe une personne au sol est inférieure à un pour cent milliards, selon le blog de l'ESA dédié à la mission. Autrement dit, le risque pour un humain est 65'000 fois plus faible que celui d'être frappé par la foudre.
>> La dernière image prise par l'ERS-2:
Objectif "zéro débris" spatiaux
En moyenne, un objet de masse similaire à l'ERS-2 termine ses jours dans l'atmosphère une fois toutes les une ou deux semaines, selon l'ESA. Le suivi du satellite pendant ses derniers jours dans l'espace est assuré par l'ESOC, avec des partenaires institutionnels européen, allemand et américain.
Satellite pionnier dans l'observation de la Terre, ERS-2 a été lancé le 21 avril 1995 depuis la Guyane et placé à près de 800 kilomètres d'altitude. En 2011, à la fin de sa mission, l'ESA l'a fait redescendre à environ 500 kilomètres. Ensuite, il a plongé naturellement et graduellement vers la Terre en seulement treize ans... au lieu des 100 à 200 qu'il aurait fallu s'il était resté à son altitude initiale.
Privé de son énergie interne, composée de son fuel et de ses batteries, il présentait des risques importants d'explosion et donc de création de débris. Les déchets qui encombrent l'espace sont définis comme "tous les objets non fonctionnels fabriqués par l'être humain, y compris les engins spatiaux hors d'usage ou leurs fragments, en orbite ou rentrant dans l'atmosphère terrestre".
L'ESA a lancé en 2023 une charte "zéro débris" pour les missions spatiales conçues à partir de 2030; cela fait partie des priorités de son Agenda 2025. Selon les estimations de l'agence, il y a en orbite un million de morceaux de satellites ou de fusées de plus d'un centimètre, suffisamment gros pour "désactiver un engin spatial" en cas de choc.
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sjaq et l'ats
De la première collision en orbite à la prolifération des objets spatiaux
La première collision accidentelle en orbite entre deux satellites s'est produite à 16h56 UTC, le 10 février 2009, à 776 km d'altitude au-dessus de la Sibérie, selon l'ESA. Un satellite de communication américain privé, Iridium-33, et un satellite militaire russe, Kosmos2251, sont entrés en collision à une vitesse de 11,7 km/s. Les deux satellites ont été détruits.
Depuis le début de l'ère spatiale, avec le lancement de Spoutnik en 1957, des milliers de fusées transportant plus de dix mille satellites ont été lancées dans l'espace. Ces dernières années, ces chiffres ont augmenté de manière spectaculaire alors que la taille moyenne des satellites s'est rapetissée.
La destruction d'un satellite par des débris spatiaux peut à son tour créer d'autres déchets qui en abîmeront d'autres: un effet domino difficilement contrôlable. Les orbites les plus utiles risquent de ne plus être du tout sûres pour des gens ou des appareils, prévient l'ESA (voir vidéo ci-dessous).