Modifié

Réentrée dans l'atmosphère du satellite européen ERS-2 en fin de vie

Vue d'artiste du satellite ERS-2 de l'ESA en orbite. [ESA]
Réentrée dans l'atmosphère du satellite européen ERS-2 en fin de vie / Le Journal horaire / 27 sec. / le 20 février 2024
Le satellite européen ERS-2, qui a terminé sa mission d'observation de la Terre il y a treize ans, devrait se consumer quasiment entièrement en revenant dans l'atmosphère mercredi. A priori sans risque pour la population, selon les dernières prévisions de l'Agence spatiale européenne (ESA).

L'opération de retombée sur notre planète, assez rare à l'ESA, a débuté en 2011 pour éviter qu'une destruction accidentelle de cet objet en orbite ne disperse des débris dangereux pour les satellites actifs et la Station spatiale internationale (ISS).

>> Lire aussi : Alerte à la Station spatiale après un tir de missile antisatellite par la Russie

Le Centre européen des opérations spatiales (ESOC) de l'ESA prévoit la réentrée finale du satellite dans les couches basses de l'atmosphère pour mercredi à 12h14, avec une marge d'incertitude de plus ou moins quinze heures.

>> Galerie photo de la réentrée dans l'atmosphère de l'European Remote Sensing 2 (ERS-2):

Cette marge – qui était encore de plus ou moins 48 heures il y a une semaine – s'explique par le fait que l'engin tombe naturellement, par la seule force de la gravité, et non pas de façon dirigée. Il traverse ainsi des couches supérieures de l'atmosphère qui freinent plus ou moins sa descente et rendent aussi difficile une prévision de l'endroit où pourraient tomber certains de ses débris.

L'essentiel des 2,3 tonnes de l'ERS-2 doit se consumer quand il atteindra les couches basses de l'atmosphère, à environ 80 kilomètres d'altitude: "On estime que le plus gros fragment du satellite pouvant rejoindre le sol fait 52 kilos", a déclaré la semaine dernière Henri Laur, de la direction d'observation de la Terre à l'ESA.

La probabilité qu'un de ces débris frappe une personne au sol est inférieure à un pour cent milliards, selon le blog de l'ESA dédié à la mission. Autrement dit, le risque pour un humain est 65'000 fois plus faible que celui d'être frappé par la foudre.

>> La dernière image prise par l'ERS-2:

ERS-2 a capturé sa dernière image au-dessus de Rome, le 4 juillet 2011. Peu après, les manœuvres ont commencé pour désorbiter le satellite vétéran. Ses opérations de vol ont pris fin le 5 septembre 2011. [ESA - ERS-2]
ERS-2 a capturé sa dernière image au-dessus de Rome, le 4 juillet 2011. Peu après, les manœuvres ont commencé pour désorbiter le satellite vétéran. Ses opérations de vol ont pris fin le 5 septembre 2011. [ESA - ERS-2]

Objectif "zéro débris" spatiaux

En moyenne, un objet de masse similaire à l'ERS-2 termine ses jours dans l'atmosphère une fois toutes les une ou deux semaines, selon l'ESA. Le suivi du satellite pendant ses derniers jours dans l'espace est assuré par l'ESOC, avec des partenaires institutionnels européen, allemand et américain.

Lancé en avril 1995, ERS-2 a pris sa dernière image en juillet 2011. Ses batteries et son système pressurisé ont été vidés ou sécurisés afin d'éviter de futurs incidents qui pourraient générer de nouveaux débris spatiaux. En tout, 66 manœuvres ont été nécessaires pour faire redescendre le satellite: sans elles, il aurait pu encore orbiter notre Terre pendant 100 à 200 ans. ERS-2 se consumera quand il atteindra les couches basses de l'atmosphère à la mi-février 2024. [ESA]
Lancé en avril 1995, ERS-2 a pris sa dernière image en juillet 2011. Ses batteries et son système pressurisé ont été vidés ou sécurisés afin d'éviter de futurs incidents qui pourraient générer de nouveaux débris spatiaux. En tout, 66 manœuvres ont été nécessaires pour faire redescendre le satellite: sans elles, il aurait pu encore orbiter notre Terre pendant 100 à 200 ans. ERS-2 se consumera quand il atteindra les couches basses de l'atmosphère à la mi-février 2024. [ESA]

Satellite pionnier dans l'observation de la Terre, ERS-2 a été lancé le 21 avril 1995 depuis la Guyane et placé à près de 800 kilomètres d'altitude. En 2011, à la fin de sa mission, l'ESA l'a fait redescendre à environ 500 kilomètres. Ensuite, il a plongé naturellement et graduellement vers la Terre en seulement treize ans... au lieu des 100 à 200 qu'il aurait fallu s'il était resté à son altitude initiale.

Privé de son énergie interne, composée de son fuel et de ses batteries, il présentait des risques importants d'explosion et donc de création de débris. Les déchets qui encombrent l'espace sont définis comme "tous les objets non fonctionnels fabriqués par l'être humain, y compris les engins spatiaux hors d'usage ou leurs fragments, en orbite ou rentrant dans l'atmosphère terrestre".

L'ESA a lancé en 2023 une charte "zéro débris" pour les missions spatiales conçues à partir de 2030; cela fait partie des priorités de son Agenda 2025. Selon les estimations de l'agence, il y a en orbite un million de morceaux de satellites ou de fusées de plus d'un centimètre, suffisamment gros pour "désactiver un engin spatial" en cas de choc.

>> Lire aussi : La vue d'Hubble menacée par les satellites de SpaceX et autres sociétés

sjaq et l'ats

Publié Modifié

De la première collision en orbite à la prolifération des objets spatiaux

La première collision accidentelle en orbite entre deux satellites s'est produite à 16h56 UTC, le 10 février 2009, à 776 km d'altitude au-dessus de la Sibérie, selon l'ESA. Un satellite de communication américain privé, Iridium-33, et un satellite militaire russe, Kosmos2251, sont entrés en collision à une vitesse de 11,7 km/s. Les deux satellites ont été détruits.

Au cours des dernières décennies, le type de mission envoyée dans l'espace a changé: les entreprises privées (en jaune) lancent des satellites plus petits que ceux lancés par des agences non commerciales (en vert). Le nombre d'objets non enregistrés (en rouge) a aussi crû ces dernières années (il s'agit d'objets qui n'ont pas encore été enregistrés auprès des Nations unies; les taux d'enregistrement devraient augmenter). Infographie à jour en juin 2023. [ESA - UNOOSA, CC BY-SA 3.0 IGO]
Au cours des dernières décennies, le type de mission envoyée dans l'espace a changé: les entreprises privées (en jaune) lancent des satellites plus petits que ceux lancés par des agences non commerciales (en vert). Le nombre d'objets non enregistrés (en rouge) a aussi crû ces dernières années (il s'agit d'objets qui n'ont pas encore été enregistrés auprès des Nations unies; les taux d'enregistrement devraient augmenter). Infographie à jour en juin 2023. [ESA - UNOOSA, CC BY-SA 3.0 IGO]

Depuis le début de l'ère spatiale, avec le lancement de Spoutnik en 1957, des milliers de fusées transportant plus de dix mille satellites ont été lancées dans l'espace. Ces dernières années, ces chiffres ont augmenté de manière spectaculaire alors que la taille moyenne des satellites s'est rapetissée.

La destruction d'un satellite par des débris spatiaux peut à son tour créer d'autres déchets qui en abîmeront d'autres: un effet domino difficilement contrôlable. Les orbites les plus utiles risquent de ne plus être du tout sûres pour des gens ou des appareils, prévient l'ESA (voir vidéo ci-dessous).