Seule une minorité des thérapies testées sur les animaux finit par être autorisée pour les humains
"Cela semble très peu, mais certaines thérapies peuvent être vitales pour certaines personnes", a déclaré à Keystone-ATS Benjamin Ineichen, responsable de l'étude publiée dans la revue spécialisée "PLOS Biology". Les chercheurs savaient depuis longtemps que la proportion était faible, mais c'est la première fois que des chiffres fiables sont disponibles.
La moitié de ces 367 thérapies testées sur des animaux de laboratoire ont conduit à des travaux de recherche clinique sur l'homme et 40% à des études dites randomisées et contrôlées. De telles études sont considérées comme l'"étalon-or" de la recherche clinique. Elles sont menées avec des thérapies placebo et ni les participants, ni les chercheurs ne savent si un participant à l'étude a reçu un placebo ou une véritable thérapie.
Il a fallu en moyenne cinq ans pour réaliser un premier essai sur l'homme, sept ans pour des essais contrôlés randomisés et dix ans pour obtenir l'autorisation des autorités. Dans certains cas, il peut même s'écouler plusieurs décennies avant qu'une thérapie soit testée sur l'homme.
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"Les faux positifs"
Les chercheurs ont en outre montré qu'il existait une grande concordance entre les études sur les animaux et les études sur l'homme: 86% des thérapies testées avec succès sur les animaux étaient également efficaces chez l'homme.
Malgré cela, après dix ans, 95% des thérapies testées sur les animaux n'ont jamais été autorisées pour les humains. "Il est très probable qu'un manque de qualité de certaines études sur les animaux ait conduit à des résultats faussement positifs, c'est-à-dire que les données suggèrent un effet thérapeutique alors qu'en réalité il n'y en a pas", a expliqué Benjamin Ineichen. "Cela a pour conséquence que ces médicaments sont ensuite écartés lors des tests très rigoureux sur les humains"
Les expériences sur les animaux sont-elles donc inutiles? Aucune étude ne peut vraiment répondre à cette question, selon Benjamin Ineichen. "En fin de compte, il s'agit toujours d'une pesée de différents intérêts", a-t-il relevé.
ats/edel