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Un cochon vivant opéré à 9300 kilomètres de distance

La salle d'opération de la faculté de médecine de l'Université chinoise de Hong Kong. Sur l'écran, au centre, la liaison en direct avec Zurich. [ETH Zurich]
Un cochon vivant opéré à 9300 kilomètres de distance / Le Journal horaire / 24 sec. / le 27 août 2024
Des scientifiques suisses ont opéré un porc à Hong Kong depuis leur laboratoire de Zurich. C'est la première fois qu'une sonde gastrique magnétique développée à cet effet était utilisée à distance sur un animal vivant, a annoncé lundi l'EPFZ.

Les scientifiques ayant réalisé cette prouesse technologique espèrent ainsi améliorer les soins chirurgicaux dans les régions reculées où l'expertise fait défaut. L'intervention a été réalisée en mai dans le cadre d'une étude conjointe de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et de l'Université chinoise de Hong Kong.

Doctorant à l'EPFZ, Alexandre Mesot a contrôlé la sonde gastrique à l'aide d'une manette de Playstation. Sur un écran, il a vu la sonde traverser l'estomac du cochon anesthésié, qui se trouvait à environ 9300 kilomètres de là, à Hong Kong, dans une salle d'opération. Un retard d'environ 300 millisecondes a été constaté pour que la sonde réponde aux signaux en provenance de Zurich.

La sonde gastrique est contrôlée à l'aide du joystick d'une Playstation: l'endoscope magnétique se meut dans l'estomac du cochon anesthésié à environ 9300 kilomètres de là, dans une salle d'opération. [ETH - Wiley, Advanced Intelligent Systems]
La sonde gastrique est contrôlée à l'aide du joystick d'une Playstation: l'endoscope magnétique se meut dans l'estomac du cochon anesthésié à environ 9300 kilomètres de là, dans une salle d'opération. [ETH - Wiley, Advanced Intelligent Systems]

Sonde gastrique magnétique

L'endoscope et sa manette de contrôle. [The Chinese University of Hong Kong]
L'endoscope et sa manette de contrôle. [The Chinese University of Hong Kong]

Outre une bonne connexion Internet, l'opération a été rendue possible par une sonde gastrique spécialement développée à cet effet dont la tête est constituée d'un aimant. L'endoscope est ainsi commandé par un champ magnétique.

Selon la haute école, il est en outre plus petit que les endoscopes traditionnels, ce qui permet de l'introduire chez l'humain par le nez et non par la bouche comme c'était le cas jusqu'ici: une technique moins contraignante, avec comme avantage le fait que la patientèle n'a pas besoin d'être placée sous anesthésie générale.

L'appareil n'a pas encore été testé sur des êtres humains, mais les scientifiques y placent de grands espoirs: "Il y a beaucoup de potentiel dans cette technologie. Je pense à des interventions peu invasives dans le tractus gastro-intestinal, comme par exemple des examens de dépistage du cancer", conclut Bradley Nelson, qui a dirigé ces travaux, cité dans le communiqué. L'étude a été publiée dans la revue Advanced Intelligent Systems.

sjaq et l'ats

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