Des neuroscientifiques entendaient des bruits bizarres dans leur laboratoire, à Berlin, et ont compris qu'ils venaient de l'aquarium où se trouvaient des spécimens de Danionella cerebrum, de petits poissons transparents d'eau douce venant de Birmanie. Ces poissons de verre d'à peine douze millimètres sont devenus un modèle émergent en recherche biomédicale, d'où leur présence à côté de ces scientifiques.
Le mécanisme de production de sons ultrarapides chez l'un des plus petits vertébrés est tout à fait unique: ce minuscule poisson combine les mouvements d'un muscle dédié résistant à la fatigue, d'une côte spécialisée et d'un cartilage tambourinant sur sa vessie natatoire pour produire ces bruits qui dépassent les 140 décibels... soit un bruit comparable à celui d'un gros marteau-piqueur.
Selon le résumé de l'étude parue dans PNAS, "cette découverte remet en question la notion conventionnelle selon laquelle la vitesse des mouvements du squelette des vertébrés est limitée par l'action musculaire". Ces cyprinidés miniatures font en effet ces sons lorsqu'ils se propulsent dans l'eau.
Seuls les mâles sont dotés de cette capacité acoustique extraordinaire qui est utilisée pour la communication avec leurs congénères.
Stéphanie Jaquet