Les additifs alimentaires émulsifiants se trouvent un peu partout dans les produits transformés vendus en supermarché, des desserts aux plats préparés, en passant par les céréales, les mayonnaises, les margarines ou les barres chocolatées. Il est possible que leur consommation augmente les risques de cancers, en particulier du sein et de la prostate. C’est ce qu’indique une nouvelle étude française de NutriNet-Santé, menée auprès de 92'000 personnes durant 7 ans.
Les émulsifiants servent à colorer, conserver ou modifier une texture. Ils se nomment lécithines, mono et diglycérides d'acides gras, amidons modifiés, carraghénanes, phosphates ou celluloses. Sur les emballages des denrées alimentaires, ils sont indiqués par leurs noms ou sous forme de numéro précédé de la lettre E, par exemple 'E 471', 'E 407' ou 'E 466'. Ces codes sont identiques en Suisse et en Europe.
Pas encore possible d'affirmer un lien de cause à effet
Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, l'institut français de la santé et de la recherche médicale, est coordinatrice de l’étude. Elle reste prudente quant aux résultats: "Nous ne pouvons pas encore affirmer qu’il s’agit d’un lien de cause à effet, puisqu’il s’agit de la première étude au monde à s’intéresser aux apports en émulsifiants et à pouvoir étudier le lien possible avec le risque de cancer à long terme", explique la scientifique dans l’émission On en parle.
"En revanche, nous disposons d’autres études, notamment chez l’animal ou sur des modèles cellulaires, qui pointent des risques potentiels de certains émulsifiants sur le microbiote ou l’inflammation. Nous souhaitons reproduire ces résultats dans d’autres études, mais plusieurs signaux indiqueraient de potentiels effets délétères de certains émulsifiants sur la santé qui restent à confirmer", ajoute Mathilde Touvier, qui précise aussi qu’une consommation très ponctuelle de ces additifs est sans risque, tout en recommandant d’éviter la consommation régulière de produits transformés ou ultra transformés.
15% de risque en plus dans certains cas
Selon l’étude, les participants consommant le plus fréquemment de l’additif E 471 avaient un risque supplémentaire de 15% de développer un cancer. "Ces ordres de grandeur pourraient varier d’une population à l’autre ou d’un échantillonnage à l’autre. Ce qui est important, c’est le fait que ces associations soient significatives et stables à travers les différentes études, modèles statistiques et analyses de sensibilité que nous avons effectués", explique Mathilde Touvier.
En Suisse, l’OSAV, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, prend note de cette étude et conseille d’éviter les aliments hautement transformés. Pour rappel, au fil du temps et de l’avancée de la recherche, plusieurs additifs ont été interdits en Suisse comme le dioxyde de titane ou E 171, définitivement retiré en 2022 dans l’alimentation.
Sujet radio: Laurence Froidevaux
Adaptation web: Myriam Semaani