Une start-up lausannoise lance une application pour mesurer sa tension artérielle avec son smartphone
L'hypertension artérielle ne présente généralement pas de symptômes. Elle peut pourtant avoir de graves répercussions, comme des infarctus ou des accidents vasculaires-cérébraux (AVC). Le fait de pouvoir mesurer plus simplement sa pression permettrait donc de mieux prévenir cette "maladie silencieuse".
C'est l'objectif d'un nouveau dispositif imaginé par des chercheurs du Centre hospitalier universitaire de Lausanne (CHUV) et développé par la start-up Biospectal. Grâce à une application, il suffit de mettre le doigt sur la caméra de son téléphone pour lancer la mesure optique de la pression artérielle.
Injonction à l'auto-contrôle?
"La plupart du temps, la pression artérielle était prise chez le médecin. On avait besoin de la manchette à pression et cela générait un stress chez le patient, avec des valeurs faussement élevées", explique le chef du service d'anesthésiologie du CHUV Patrick Schoettker mardi dans le 19h30 de la RTS. "Les applications telles qu'OptiBP nous permettent une mesure tout le temps, dans l'environnement du patient, et reflètent ainsi beaucoup mieux la réalité."
Son fonctionnement est très simple, expose Frédéric Frappereau, chef de produit chez Biospectal: "C'est comme une vidéo de 30 secondes de votre flux sanguin dans le doigt. Le flash s'allume, le flux sanguin absorbe plus ou moins de lumière, la caméra enregistre tout et à la fin, on transforme cela en valeur de pression artérielle."
Ainsi, avec un outil aussi simple, "on n'a plus de raison de ne pas savoir sa pression artérielle", estime le président de la Société suisse d'hypertension Gregoire Wuerzner. Cette injonction à l'auto-contrôle fait toutefois débat, tant elle peut nourrir une certaine anxiété. Elle se traduit d'ailleurs déjà par pléthore d'outils connectés, bagues, montres ou autres bracelets promettant de mesurer l'hypertension, le tout avec une fiabilité variable.
"Se réapproprier et reconnaître son statut d'hypertendu"
Mais avec OptiBP, au moins, les résultats sont similaires à la méthode habituelle. C'est pourquoi cette application a reçu le label de sécurité européen "CE", une première pour un tel dispositif.
Responsable de l'unité d'hypertension artérielle des HUG, Belén Ponte estime que, malgré quelques inconvénients, le dispositif permet aux patients de "se réapproprier la notion d'hypertension artérielle, de reconnaître leur statut d'hypertendus et de s'adresser à leur médecin traitant avant qu'il ne soit trop tard".
L'application est payante, 89 francs par an, mais ses concepteurs souhaitent qu'à terme, elle soit prise en charge par les assurances.
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Olivier Dessibourg/jop