La psilocybine des champignons hallucinogènes réduit efficacement l'anxiété et la dépression

La psilocybine, composé des champignons hallucinogènes, réduit efficacement l'anxiété et la dépression. [AFP - John Moore, Getty Images North America]
La psilocybine réduit efficacement l'anxiété et la dépression / Le Journal horaire / 27 sec. / lundi à 10:02
Deux études récentes montrent que la psilocybine, un composé des champignons hallucinogènes, diminue de manière effective l'anxiété, la dépression et d'autres troubles psychologiques. Combinés à une psychothérapie, les effets positifs peuvent durer plusieurs mois.

La psilocybine, lorsqu'elle est administrée sous supervision médicale, possède un potentiel thérapeutique indéniable, montrent deux études parues dans Nature Mental Health et dans l'American Journal of Psychiatry. L'accompagnement psychothérapeutique est également très important.

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Une ou deux doses de psilocybine [lire encadré] peuvent améliorer la santé mentale de personnes atteintes de cancer: anxiété, dépression, pensées obsessionnelles étaient réduites de manière significative, tout comme la colère envers les autres et les symptômes physiques associés à la détresse psychologique.

Des améliorations qui pouvaient durer jusqu'à six mois avec une psychothérapie, ce qui est "bien au-delà de ce que nous avons compris jusqu'à présent", souligne le coauteur principal de l'étude, le docteur Petros Petridis, professeur adjoint au département de psychiatrie de l'Ecole de médecine Grossman de l'Université de New York (NYU).

La psilocybine modifie l'humeur et, dans cette étude, elle ne semblait pas causer de paranoïa durable, de psychose ou de peur profonde, comme une phobie. Une preuve supplémentaire, par conséquent, que cette substance peut être administrée "en toute sécurité sous étroite surveillance médicale", précise le coauteur Stephen Ross, qui est notamment directeur associé au Centre de médecine psychédélique NYU.

Mieux accepter ses pensées et ses émotions

Dans la seconde étude, une autre équipe de la même école a découvert que la thérapie à la psilocybine pouvait également améliorer la santé mentale de personnes souffrant de troubles liés à la consommation d'alcool.

Des psilocybes dans la nature. La psilocybine utilisée en milieu médical est d'ordinaire synthétisée chimiquement. [Biosphoto via AFP - YVES LANCEAU]
Des psilocybes dans la nature. La psilocybine utilisée en milieu médical est d'ordinaire synthétisée chimiquement. [Biosphoto via AFP - YVES LANCEAU]

Par rapport au groupe recevant un placebo, les personnes traitées à la psilocybine se sont révélées nettement moins impulsives, déprimées et vulnérables qu'elles ne l'étaient avant la thérapie. Dans le même temps, patientes et patients sont devenus plus "ouverts", c'est-à-dire qu'ils acceptaient mieux leurs pensées et émotions. Ces changements ont été observés sept mois après administration de la deuxième dose de psilocybine.

"L'impulsivité étant depuis longtemps liée à la fois à la consommation excessive d'alcool et à la rechute après le traitement, les changements de personnalité provoqués par la psychothérapie assistée par la psilocybine peuvent aider les personnes qui se remettent d'une dépendance à l'alcool à rester résistantes aux facteurs de stress internes et externes connus pour déclencher la rechute", selon le coauteur principal de l'étude, Broc Pagni, chercheur postdoctoral au département de psychiatrie de l'Ecole de médecine Grossman.

Des différences entre les hommes et les femmes

Les résultats ont également montré que les hommes étaient plus susceptibles de ressentir une augmentation des émotions positives, tandis que les femmes étaient plus susceptibles de constater une augmentation de l'ouverture d'esprit. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les raisons de ces différences ou ce qu'elles peuvent signifier pour une personne donnée, remarque le coauteur principal, le docteur Michael Bogenschutz, directeur du Center for Psychedelic Medicine.

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Les scientifiques prévoient encore d'examiner si les changements de personnalité observés dans l'étude actuelle peuvent également se produire dans les essais de psilocybine pour les troubles liés à l'utilisation d'opioïdes.

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Temps présent - Dépression, addiction: guérir grâce aux psychédéliques. [RTS]
Dépression, addiction, guérir grâce aux psychédéliques / Temps présent / 47 min. / le 6 avril 2023

Stéphanie Jaquet

Publié Modifié

Les effets psychotropes de la psilocybine

La psilocybine est un composé naturel dérivé de champignons dont les propriétés psychotropes sont similaires à celles du LSD et de la mescaline.

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La plupart des personnes participant à l'étude ressentent de profondes altérations de la perception, des émotions et de la perception de soi, et vivent souvent des expériences ressenties comme ayant une grande signification personnelle et spirituelle.

Comme cette substance augmente la pression artérielle et le rythme cardiaque et qu'elle peut provoquer des effets psychologiques incapacitants et parfois accablants, les scientifiques avertissent qu'elle ne devrait être utilisée que dans des environnements contrôlés et en conjonction avec une évaluation médicale et psychologique et une préparation minutieuse.

Méthodologie

Pour la première étude, l'équipe de recherche a analysé les données de deux essais cliniques antérieurs ayant utilisé la psychothérapie assistée par la psilocybine pour traiter l'anxiété et la dépression chez 79 hommes et femmes atteints de cancer. Lors de ces essais, environ la moitié des personnes ont initialement reçu une forte dose de psilocybine, tandis que les autres prenaient soit de la vitamine B3, soit une dose infime de la substance psychédélique en guise de placebo. Ni les scientifiques ni les personnes participant à l'étude ne savaient quel produit était ingéré.

Après six ou sept semaines, selon l'essai, les groupes ont changé de traitement. Une psychothérapie a précédé et suivi chaque séance de dosage, et chaque personne a rempli un questionnaire sur les symptômes de santé mentale au début de l'étude et six mois après le deuxième dosage.

La seconde étude a porté sur les changements de personnalité d'hommes et de femmes ayant participé à un essai clinique antérieur utilisant la psychothérapie assistée par la psilocybine pour traiter la dépendance à l'alcool.

Au cours de l'essai, les personnes ont reçu au hasard deux doses de psilocybine ou un placebo antihistaminique et ont bénéficié d'une psychothérapie avant et après chaque séance. L'équipe de recherche a testé 83 de ces personnes à l'aide d'une évaluation standard de la personnalité avant le début de la psychothérapie et à nouveau huit mois après la première dose du produit à l'étude.

Dans les deux études, la plupart des personnes ayant participé ont deviné correctement si elles ou ils avaient reçu de la psilocybine ou un placebo.

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