Considéré comme trop à droite, X connaît un exode des parlementaires de gauche
Ce départ a cependant un coût de visibilité. Le coprésident du Parti socialiste Cédric Wermuth, par exemple, est passé de 64'300 abonnés sur X à 2300 sur le réseau concurrent Bluesky. Malgré tout, depuis la fin de l'année, un tiers des parlementaires fédéraux socialistes et Verts ont fermé leur compte sur le réseau social. Il s'agit d'une trentaine d’élus en tout, sans compter celles et ceux qui sont inactifs depuis des mois.
"C’est un réseau par et pour l’extrême droite", dénonce la conseillère nationale socialiste vaudoise Brenda Tuosto dans le 19h30 de la RTS. Mais selon certains autres élus de gauche, ce sont justement ces départs de voix de gauche qui rendent de facto X de plus en plus un réseau social de droite.
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Préserver le débat
"Si une partie complète des opinions ne sont plus représentées, X va devenir un pur instrument de propagande au service de l’idéologie Trump, Musk, AfD en Allemagne ou Rassemblement national en France", estime le Vert vaudois Raphaël Mahaim. "Et ça, c’est non seulement triste pour le débat, mais c’est un danger pour la démocratie", ajoute le conseiller national, qui a fait le choix de rester sur le réseau social.
Cet avis est partagé par une partie de la droite, qui déplore également cet exode. "Pour avoir un débat, il faut tous les avis. C’est pour cela que je comprends mal les personnes qui quittent aujourd'hui X parce qu’ils sont mécontents du contenu", affirme le conseiller national UDC fribourgeois Nicolas Kolly. "Au contraire, ils devraient rejoindre le réseau pour faire un contrepouvoir à l’avis dominant qui est plus conservateur sur X."
Alors que les parlementaires restent divisés sur la question, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a, elle, ouvert un compte sur X pour son année de présidence. Cette apparition a été saluée à droite et décriée à gauche, alors que le Conseil fédéral est attendu tout prochainement avec un projet de loi réglementant les réseaux sociaux.
Michael Maccabez/edel
Les plateformes numériques représentent une menace pour la démocratie suisse, selon des experts
Les géants du numérique disposent d'un pouvoir de marché et d'un pouvoir sur l'opinion qui, combinés, les rendent dangereux pour la démocratie, prévient une commission fédérale. Si la force d'influence des médias n'est pas nouvelle, son intensité actuelle est inédite et insuffisamment discutée dans la sphère publique.
Les entreprises qui détiennent les réseaux sociaux, les moteurs de recherche ou les services de partage de vidéos disposent d'un pouvoir économique et politique qui leur permet d'influencer la communication au sein de la société, alerte mardi la Commission fédérale des médias (COFEM).
Elles jouent un rôle important dans le marché de la publicité, ce qui leur donne le pouvoir de fixer les conditions dans lesquelles médias, annonceurs et utilisateurs interagissent entre eux, précise sa présidente Anna Jobin. Ce rapport de forces entraîne une situation de dépendance pour les médias suisses.
Par ailleurs, les mêmes multinationales conçoivent aussi des logiciels pour les entreprises, les administrations et les institutions de formation, financent la recherche universitaire, soutiennent les entreprises de médias et investissent dans le lobbying politique.
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