Les scientifiques suisses démontent ainsi une hypothèse
contestée, a communiqué jeudi l'établissement de la capitale. Selon cette
théorie, le méthane émanait des fonds marins, où il était stocké en grandes
quantités sous forme d'un mélange eau-gaz figé.
Lorsque la mer se réchauffait, le gaz était abruptement
libéré et rejoignait l'atmosphère, avaient expliqué les climatologues à
l'origine de cette hypothèse. Comme le méthane est un puissant gaz à effet de
serre, son envol donnait le coup d'envoi à un cercle vicieux: la température de
l'air s'élevait davantage et une nouvelle bouffée de gaz était libérée.
Carottes glaciaires analysées
Les chercheurs bernois, aidés par des confrères allemands et
danois, sont arrivés à une autre explication, comme ils l'ont rapporté dans la
revue "Science". Ils se sont penchés sur deux phases de réchauffement
survenues il y a entre 35'000 et 40'000 ans.
Les climatologues ont observé sur des carottes de glace
groenlandaises la composition isotopique des molécules de méthane de l'époque.
Grâce à une méthode de mesure très précise de leur cru, ils ont pu prouver que
le gaz provenait non pas de la mer, mais bien de la terre. Or, de telles
sources de méthane terrestres se trouvent principalement dans les zones humides
du Grand Nord.
Fonte du permafrost
Le méthane est issu du carbone émanant de plantes mortes, a
précisé le responsable de la recherche, Hubertus Fischer. Si ces
plantes se trouvent dans des marais privés d'oxygène, alors des
micro-organismes se chargent du processus de fabrication du gaz.
Lors d'un premier réchauffement, ces micro-organismes sont
devenus plus actifs et ont fait fondre le permafrost, a poursuivi Hubertus Fischer.
La fabrication du méthane s'est alors intensifiée et le gaz s'est échappé dans
l'air, augmentant encore la température.
ats/cht