Des chercheurs américains sont parvenus à modifier génétiquement des moustiques pour les rendre incapables de transmettre le parasite responsable du paludisme, selon leurs travaux publiés jeudi. Ce parasite appelé plasmodium dont cinq espèces provoquent le paludisme chez l'homme est transmis par une piqûre d'anophèle, moustique des régions chaudes.
Apparemment pour la première fois ces scientifiques de l'Université d'Arizona ont réussi a altéré le génome de moustiques pour les immuniser totalement contre ce parasite. Ils espèrent pouvoir dans l'avenir remplacer les moustiques dans la nature avec des populations d'insectes génétiquement modifiés en laboratoire dans l'incapacité de transmettre le plasmodium.
Des moustiques résistants
"Si on veut efficacement arrêter la propagation du parasite responsable du paludisme il faut que tous les moustiques y soient à cent pour cent résistants", explique Michael Riehle, professeur d'entomologie à l'Université d'Arizona, qui a conduit ces travaux parus dans le "Journal of Public Library of Science Pathogens" daté du 15 juillet.
Ces chercheurs ont utilisé des techniques de biologie moléculaire pour concevoir un "morceau" d'information génétique pouvant s'insérer dans le génome du moustique qu'ils ont ensuite injecté dans des oeufs de ces insectes. Les moustiques naissant de ces oeufs sont devenus porteurs de cette information génétique modifiée qu'ils ont ensuite transmise aux futures générations. Ces moustiques vivent en moyenne deux semaines.
Une cure de sang infecté
Pour ces expériences, ces scientifiques ont utilisé des "Anophèles stephensi", une espèce de moustique qui est un important vecteur du paludisme sur l'ensemble du sous-continent indien. Après avoir nourri les Anophèles modifiés génétiquement avec du sang infecté de plasmodium, ils ont constaté que ces moustiques sans exception étaient totalement immunisés contre le parasite.
"Nous avons été surpris que ça marche aussi bien", relève Michael Riehle alors que "nous nous attendions seulement à quelques effets sur la croissance des moustiques, leur espérance de vie ou leur sensibilité au parasite", ajoute-t-il.
Seule la femelle des moustiques Anophèles se nourrissent de sang dont elle a besoin pour produire ses oeufs. Quand elles piquent un humain ou un animal infecté avec des plasmodium, elles absorbent ces parasites.
Eradication de la malaria
Jusqu'à présent, les moustiques génétiquement modifiés sont cantonnés dans des laboratoire sous haute protection d'où aucun ne peut s'échapper. Les chercheurs cherchent désormais comment remplacer tous les moustiques dans la nature avec des populations génétiquement modifiée immunisées contre le parasite du paludisme ce qui ouvrirait la voie à l'éradication de cette maladie.
afp/fru
Un million de victimes par an
Le paludisme, aussi nommé malaria est dû à un parasite transmis par un moustique, l'anophèle femelle.
Il est estimé que 250 millions de personnes contractent le paludisme chaque année dans le monde et un million en meurent. Quelque 90% des décès consécutifs au paludisme se produisent en Afrique subsaharienne.
Un chiffre terrible: un enfant de moins de cinq ans meurt encore de la malaria toutes les 30 secondes.