La Méditerranée compte environ 17'000 espèces et non entre 8000 et 12'000 comme on l'estimait jusqu'à présent, indique une étude publiée lundi la revue scientifique en ligne "Plos One". Et bien d'autres restent à découvrir, précise ce Recensement de la vie marine, qui rassemble des études de centaines de scientifiques.
Cette riche biodiversité est toutefois exposée à de nombreuses menaces, plus fortes en Méditerranée qu'ailleurs. "Les impacts des activités humaines sont proportionnellement plus importants dans la Méditerranée que dans les autres mers du monde", écrit ce rapport.
Perte de l'habitat et surpêche
Plusieurs raisons expliquent cette épée de Damoclès qui pèse sur la Grande Bleue. Son histoire, tout d'abord: la région est habitée depuis des millénaires, multipliant les atteintes. Sa géographie ensuite: la mer quasiment fermée, en vase clos.
Les mammifères marins, comme les cachalots et les dauphins, ont déjà payé un lourd tribut. Et certaines espèces emblématiques, comme le phoque moine de Méditerranée, ont quasiment disparu.
Parmi la liste de menaces, "la dégradation et la perte de l'habitat est la plus répandue aujourd'hui", écrivent les experts, citant comme causes "le développement des côtes" du bassin méditerranéen ou encore la pollution. La surpêche est la seconde menace pour la biodiversité et devrait croître encore dans les 10 prochaines années.
Afflux d'espèces invasives
Mais la particularité de la Méditerranée est la présence particulièrement importante d'espèces invasives, "un facteur crucial qui va continuer à modifier la biodiversité". Venues d'autres mers, elles sont estimées à plus de 600, soit 4% du total des espèces recensée. Ces espèces exogènes, "dont le nombre a augmenté ces dernières décennies", ont été principalement transportées en Méditerranée par bateaux par le Canal de Suez et le détroit de Gibraltar.
Et le rapport de rappeler que "la dispersion de la Mnemiopsis Leidyi (méduse américaine) depuis Israël jusqu'à l'Espagne en 2009 a provoqué de grandes inquiétudes en raison de son impact connu sur les écosystèmes et zones de pêche".
Des espèces, comme l'huître ou la palourde japonaises, ont aussi été volontairement introduites avec le développement de l'aquaculture. "Les fermes à huîtres sont devenues de véritables portes d'entrées dans les eaux côtières" pour toute une série d'algues, soulignent les experts.
Perte du caractère particulier
Et le réchauffement climatique va encore accentuer le phénomène. Un mer plus chaude va attirer de nouvelles espèces tropicales, et leurs populations déjà présentes en Méditerranée vont migrer vers de nouvelles zones, qui pour l'heure ne leur sont pas favorables, écrit le rapport, qui décrit un phénomène de "tropicalisation". Sans aucun doute "une menace" pour la biodiversité, mais aussi une nouvelle richesse dans certaines zones, écrivent les experts.
Mais "de manière générale, l'établissement d'espèces exogènes d'origine tropicale pourrait entraîner la perte du caractère particulier des communautés méditerranéennes". Et les chercheurs de conclure qu'il "est nécessaire de développer une vaste analyse des initiatives à prendre en matière de conservation pour préserver la biodiversité méditerranéenne", ajoutant que cette mer peut devenir, à ce sujet, "un modèle pour les océans du monde".
agences/boi
Un espace presque entièrement fermé
La mer Méditerranée est une mer intercontinentale presque entièrement fermée. Son seul accès direct à l'Atlantique est le Détroit de Gibraltar (14 km de large). Elle dispose aussi d'un accès indirect à l'Océan Indien, par le Canal de Suez.
Sa superficie atteint environ 2,51 millions de km2, pour un volume de 3,7 millions de km3.
Sa profondeur moyenne est de 1500 mètres, mais peut descendre jusqu'à 5150 mètres par endroits.
La Méditerranée se situe à l'intersection des plaques tectoniques africaine et eurasienne, ce qui explique la présence de nombreux volcans marins ou côtiers.
Bordée par 21 Etats (23 avec Gibraltar et la bande de Gaza), soit 5 en Afrique, 5 en Asie et 11 en Europe, elle compte 46'000 km de littoral, avec une population qui s'approche des 450 millions de personnes.
Soixante-neuf fleuves s'y jettent, dont le Nil, le Rhône, le Pô.
Les précipitations sont relativement faibles et les fleuves amènent peu d'eau et cet apport est donc insuffisant pour combler l'évaporation naturelle. Le taux de salinité est donc plus élevé qu'en Atlantique. Et les températures y sont plus élevées.
La Méditerranée est la première destination touristique au monde.