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Les catastrophes sonnent l'alerte du réchauffement

Les gigantesques inondations au Pakistan seraient dûes à l'influence de La Nina.
Les gigantesques inondations au Pakistan seraient dûes à l'influence de La Nina.
Entre canicule, sécheresse et inondations, les catastrophes qui se sont enchaînées cet été 2010 de la Russie au Pakistan renvoient aux sombres perspectives sur les méfaits des changements climatiques. Même s'il est impossible d'attribuer une responsabilité humaine directe à un événement en particulier.

Les climatologues refusent en effet de lier aussi directement les catastrophes qui frappent la Russie, le Pakistan, la Chine ou l'Europe de l'Est, arguant du "manque de recul". Mais tous les jugent "cohérentes" avec les conclusions du GIEC, le Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques, depuis vingt ans.

"Ce sont des événements qui sont appelés se reproduire et à s'intensifier dans un climat perturbé par la pollution des gaz à effet de serre", explique Jean-Pascal Van Ypersele, vice-président du GIEC. "On ne peut pas jurer à 100% que rien de tout cela ne se serait passé il y a 200 ans, mais le soupçon est bien là. Même s'il ne s'agit que d'un soupçon".

"Les événements extrêmes sont une des manières dont les changements climatiques deviennent dramatiquement perceptibles", ajoute-t-il.

Un premier semestre 2010 record

Selon l'Agence américaine de l'océan et de l'atmosphère (NOAA), la planète n'a jamais eu aussi chaud qu'au cours du premier semestre 2010. Or, selon le GIEC, dans un climat qui se réchauffe sécheresses et vagues de chaleur, comme en Russie et dans 18 des 50 Etats américains, deviendront plus intenses et plus longues.

"Qu'il s'agisse de fréquence ou d'intensité, pratiquement chaque année on bat des records et même plusieurs parfois en une semaine: en Russie, le record absolu observé à Moscou, jamais vu depuis le début des enregistrements météo il y a 130 ans (38,2 degrés fin juillet) a été battu dès le début août. Au Pakistan, les inondations n'ont jamais connu une telle ampleur géographique", relève Omar Baddour, chargé du suivi du climat mondial à l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Recul à prendre

"On se trouve bien, dans les deux cas, dans une situation sans précédent", assure-t-il. "La succession d'extrêmes et l'accélération des records sont conformes aux projections du GIEC. Mais il faudra observer ces extrêmes sur plusieurs années pour en tirer des conclusions en terme de climat", nuance-t-il.

D'autant que les inondations au Pakistan pourraient être imputables au phénomène La Nina qui - à l'inverse d'El Nino, auquel il succède généralement -, est provoqué par un refroidissement de la température en surface de l'océan Pacifique central.

"D'une manière générale, El Nino entraîne une sécheresse dans le sous-continent indien et au Sahel: avec La Nina, c'est le contraire", souligne Omar Baddour.

El Nino: effets à retardement

D'ailleurs, pour le climatologue anglais, le Pr Andrew Watson, la chaleur inhabituelle de 2010 est liée au El Nino de l'année passée: "Nous savons qu'après El Nino, suit une année particulièrement chaude et c'est certainement ce qui se passe cette année", prévient-il.

Reste que les extrêmes observés cet été sont "totalement cohérents avec les rapports du GIEC et ce que 99% des scientifiques pensent qu'il se passera", lâche-t-il.

ats/afp/jeh

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Le GIEC échaudé mais conforté

Rattaché à l'Université d'East Anglia, entachée par le scandale du "climategate" et les accusations de fraude contre le GIEC, le Pr Watson se montre prudent.

"Je suis pratiquement sûr que l'augmentation de la fréquence de ce type d'étés depuis les 20, 30 dernières années est liée au changement climatique.

Mais vous ne pouvez pas vous appuyer sur un seul événement ou sur un seul été. Parce que par définition, il s'agit de météo, pas de climat.

Et que le changement climatique se mesure sur la moyenne d'une décennie".