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Cancer du sein: une baisse de la mortalité variable

Une infirmière effectue une mammographie.
Une infirmière effectue une mammographie.
Les taux de mortalité par cancer du sein ont chuté dans la plupart des pays européens, mais les disparités sont considérables révèle une étude publiée jeudi dans le British Medical Journal. Le Royaume-Uni fait figure de bon élève, alors que des pays comme la France ou la Suède obtiennent de moins bons résultats malgré leurs efforts.

Les taux de mortalité par cancer du sein ont chuté ces vingt dernières années dans la plupart des pays européens, mais avec des disparités considérables, le Royaume-Uni affichant une baisse record de 30%, tandis que la France déçoit (-11%), selon une étude publiée jeudi.

Toutes les femmes européennes ne sont pas égales devant le cancer du sein, montre cette étude menée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, émanation de l'Organisation mondiale de la santé) et publiée par le British Medical Journal (BMJ).

Les chercheurs ont étudié les taux de mortalité dans 30 pays européens entre 1989 et 2006 et constaté que la plupart d'entre eux ont connu une réduction globale de ces taux, même si l'ampleur de la baisse est très variable.

Fortes disparités entre pays

La moitié des 30 pays étudiés ont enregistré une baisse de plus de 20% des taux de décès. Seules la Grèce, l'Estonie, la Lettonie et la Roumanie ont connu une augmentation.

Les résultats vont d'une réduction de 45% de la mortalité en Islande à une hausse de 17% en Roumanie.

Philippe Autier, principal responsable de l'étude, explique la baisse de la mortalité par "une combinaison de choses assez efficaces qui se sont cumulées dans les 20 dernières années" : stratégies de dépistage, traitements de plus en plus efficaces et standardisation dans la prise en charge, avec des équipes multidisciplinaires et expérimentées.

Bonne note pour la Grande-Bretagne

Cette combinaison a été "très efficace au Royaume-Uni", souligne-t-il, mais a aussi bien fonctionné en Norvège, aux Pays-Bas, ou en Autriche.

Le Royaume-Uni se distingue par ses bons résultats, avec une baisse de 35% pour l'Angleterre et le Pays de Galles, 29% pour l'Irlande du Nord et 30% pour l'Ecosse.

Les Britanniques étaient "fortement choqués par leur taux extrêmement élevé de mortalité par cancer du sein à la fin des années 80, mais ils ont pris le taureau par les cornes", explique Philippe Autier.

Au vu des tendances, "dans deux ou trois ans, l'Angleterre aura une mortalité par cancer du sein inférieure à celle de la France", prédit-il.

Des déceptions malgré des efforts

Les résultats français (-11%) ont déçu au regard des efforts réalisés (Plan Cancer).

"Il y a trois pays qui vraiment nous ont surpris, la Suède (-16%), la Finlande (-12%) et la France", dit le chercheur.

Car malgré des investissements importants dans ces pays en matière de dépistage -il y a proportionnellement 4 fois plus de mammographes en France qu'en Angleterre- et de prise en charge, les résultats ne sont pas à la hauteur."Là, il y a un énorme besoin de revoir le système. C'est la seule chose qu'on puisse dire", ajoute-t-il.

Quant aux pays d'Europe centrale, "c'est plutôt catastrophique", commente Philippe Autier, pointant essentiellement des questions financières.

Nouveaux médicaments

Le chercheur se montre optimiste pour l'avenir, estimant que la tendance à la baisse de la mortalité devrait se poursuivre en Europe.

Il explique qu'il faudra en effet attendre 5 ou 6 ans pour pouvoir mesurer l'effet sur la mortalité des nouveaux médicaments très efficaces apparus ces dernières années, comme l'herceptine.

Des progrès sont également encore possibles chez les femmes plus âgées pour lesquelles les médecins ont tendance à ne pas utiliser l'arsenal thérapeutique le plus puissant.

afp/md

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