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L'ONU met le Giec au pied du mur

Les prévisions du Giec sur les glaciers himalayens avaient fait fondre sa crédibilité.
Les prévisions du Giec sur les glaciers himalayens avaient fait fondre sa crédibilité.
Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) doit se réformer en profondeur afin d'éviter la répétition d'erreurs comme celles commises dans son rapport de 2007, a conclu lundi un rapport onusien, tout en confirmant la qualité du travail réalisé.

"Le Giec doit réformer fondamentalement sa structure de direction et renforcer ses procédures pour faire face à des évaluations climatiques de plus en plus complexes", dit le rapport commandé par les Nations unies.

Mais celui-ci ne remet pas en question les conclusions du groupe d'experts.

"La méthode utilisée par le Giec pour produire ses évaluations périodiques (sur l'évolution du climat, ndlr) a été dans l'ensemble couronnée de succès", soulignent les auteurs du rapport.

De grosses boulettes qui font tache

Le quatrième et dernier rapport, en 2007, a été le plus alarmiste de tous. Il avertissait que le réchauffement était en cours et pourrait aller jusqu'à +6°C. Le climat est alors passé sur le devant de la scène. En décembre 2009, plus de 120 dirigeants se pressaient au sommet de Copenhague, un grand sommet dans l'histoire de l'Onu et qui a pourtant frolé le fiasco.

Entre temps, le Giec et son président, l'Indien Rajendra Pachauri, avaient été auréolés du Prix Nobel de la Paix 2007. Mais cette reconnaissance a été accompagnée d'une méfiance croissante, notamment de la part des "climato-sceptiques".

Juste avant Copenhague, éclatait le "climategate": des milliers de courriels de climatologues réputés, ayant collaboré avec le Giec, publiés sur internet. Certains d'entre eux laissaient penser qu'ils avaient masqué des données contredisant le réchauffement planétaire. Les scientifiques mis en cause ont depuis été blanchis par une enquête parlementaire.

Manque de rigueur

Plus dommageable, une erreur factuelle a été repérée dans le dernier rapport du Giec concernant la disparition probable des glaciers de l'Himalaya "d'ici 2035". Cette date ne provenait pas d'une revue scientifique soumise à l'évaluation des pairs.

Le Giec a admis une "regrettable erreur", mais souligné qu'elle ne remettait pas en cause la validité de ses (autres) conclusions. Une opinion partagée par de nombreux scientifiques dont certains ont cependant souhaité plus de transparence dans le fonctionnement de ce réseau international d'expertise sans équivalent à ce jour.

Il avait aussi affirmé que 55% des Pays-Bas se trouvaient sous le niveau de la mer, au lieu de 26% selon le gouvernement de ce pays qui a commandé une étude à l'Agence néerlandaise d'évaluation de l'environnement (PBL).

afp/jeh

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Le Giec en bref

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) est l'instance scientifique qui fait autorité en matière de réchauffement de la planète.

Créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) à la demande du G7, le Giec compte près de 3000 spécialistes des sciences de l'atmosphère, océanographes, glaciologues, économistes...

Son rôle est de se plonger dans les milliers de publications scientifiques consacrées au sujet, expertiser les dernières connaissances, et présenter une synthèse équilibrée aux décideurs.

Le Giec est divisé en trois groupes d'experts, nommés par les différents gouvernements et organisations internationales: le premier examine les preuves scientifiques du réchauffement, le deuxième ses impacts et le troisième les solutions.

Leurs travaux font l'objet de plusieurs navettes permettant discussions et amendements avant d'être soumis aux gouvernements avec le feu vert de la communauté scientifique.

Le "résumé à l'attention des décideurs" est approuvé ligne par ligne, par consensus, par des experts délégués par leurs gouvernements.

Rajendra Pachauri, le chef du Giec, a déclaré lundi que ce serait aux Etats membres du Giec de décider de son avenir.

Répondant lors d'une conférence de presse à la question de savoir s'il allait démissionner, Rajendra Pachauri a expliqué que "cette question devra être débattue par tous les gouvernements du monde", lors de la 32e session du Giec à Pusan (Corée du Sud) en octobre.

Le rapport publié lundi recommande entre autres un renouvellement plus fréquent des postes de direction du Giec.