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Les noix suisses menacées par un insecte américain

Les noix de Suisse sont attaquées par les mouches des brous du noyer depuis quelques années.
Les noix de Suisse sont attaquées par les mouches des brous du noyer depuis quelques années.
Les propriétaires de noyers suisses font face depuis peu aux ravages d'un insecte venu des Etats-Unis. Un phénomène dû au changement climatique: avec la hausse des températures, les Alpes ne jouent plus leur rôle de barrière de froid contre des espèces répandues en Méditerranée.

Si elles attaquent rarement le cerneau, les larves de cet insecte baptisé mouche des brous du noyer font de la récolte une tâche peu appétissante en transformant l'enveloppe du fruit en une substance noire et poisseuse, explique mardi l'Agroscope Changins-Wädenswil (ACW) dans un communiqué.

Les chercheurs de la station de recherche se sont penchés entre 2008 et 2010 sur ce phénomène, en collaboration avec des scientifiques d'un institut mexicain. Les ravages de cet insecte sont récents en Suisse.

A l'origine, la mouche des brous du noyer ne se rencontrait que dans le sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique, avant de faire son apparition en Europe dans les années 1980.

D'autres "intrus" à prévoir

Apparue au départ dans le nord-ouest de l'Italie, elle a été signalée au Tessin au début des années 1990. Pendant environ 15 ans, la crête des Alpes a réussi à empêcher cette espèce de progresser vers le nord avant que cette dernière ne soit identifiée en 2005 dans d'autres régions de Suisse.

Pendant des années, la crête des Alpes a bloqué la progression du ravageur jusqu'en Suisse septentrionale. Or, les recherches des scientifiques de l'ACW montrent que la barrière du froid au niveau de cette crête se rétrécit de plus en plus, ne constituant désormais plus un obstacle infranchissable.

"Les Alpes, avec le réchauffement prévu, joueront de moins en moins le rôle de barrière", prévient l'Agroscope. Et de noter que la mouche des brous du noyer pourrait être suivie par d'autres insectes nuisibles. Pour lutter contre ce fléau, il est nécessaire de bien comprendre la biologie et les exigences climatiques des espèces, selon Jörg Samietz, entomologiste chez ACW.

Des régions épargnées

Les vastes études réalisées par les chercheurs suisses et mexicains sur près de 70 sites dispersés en Suisse ont notamment révélé que les différentes variétés de noix sont touchées à des degrés très divers par le ravageur. Elles ont aussi montré que les régions helvétiques où les températures printanières n'atteignent pas 7 degrés sont à peine touchées. Autant d'éléments à prendre en compte lors de nouvelles plantations de noyers.

ats/ap/sbo

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