Manque d'énergie, fringale de sucrerie et prise de poids sont autant de signes de dépression saisonnière. "Hiberner quelque peu en hiver ou manger davantage lorsqu'il fait froid peut très bien faire partie de notre rythme saisonnier naturel", relativise Vivien Bromundt du Centre de chronobiologie (l'étude des rythmes biologiques) de l'Université de Bâle, interrogée par l'ATS. Mais lorsque ces changements deviennent pesants, il faut les prendre au sérieux, conseille-t-elle.
La dépression saisonnière touche sous nos latitudes quelque deux à trois personnes sur 100. Le blues hivernal, plus léger, en affecte une à deux sur dix. Les symptômes disparaissent avec l'arrivée du printemps.
S'exposer au soleil...
Ces dernières années, les gens consultent plus facilement, constate Markus Kosel, chef de clinique du service de psychiatrie adulte des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). "La dépression saisonnière est devenue plus connue et médiatisée. Les gens sont donc plus conscients de l'effet des variations de la lumière sur la santé".
Pour prévenir la déprime, Vivien Bromundt conseille de sortir le plus possible à la lumière du jour, durant la pause de midi par exemple. "Fuyez le brouillard et montez à la montagne pour profiter du soleil", préconise de son côté Markus Kosel.
... ou à la lumière artificielle
L'exposition à la lumière vive, ou luminothérapie, est le traitement de choix de la dépression saisonnière. "Elle est efficace chez la moitié à deux tiers des patients", se réjouit le Dr Kosel. "Dans les cas résistants, on la combine avec d'autres approches, comme les médicaments ou la psychothérapie".
Concrètement, les patients s'exposent durant une demi-heure environ à une lampe thérapeutique qui diffuse une lumière de quelque 8000 lux. Par comparaison, explique Vivien Bromundt, la lumière du jour par ciel nuageux est de 2000 à 8000 lux. Dans une pièce illuminée artificiellement, elle est de seulement 300 à 800 lux.
ats/sbo
Des lampes remboursées par l'assurance
Lorsqu'elle est prescrite par un médecin, la lampe de luminothérapie médicale est remboursée à 90% par l'assurance-maladie, jusqu'à 720 francs, indique Markus Kosel. Généralement bien supportées, ces lampes ne diffusent pas de rayonnements nocifs pour la peau.
La Suisse a été le premier pays à rembourser les lampes de luminothérapie médicale en cas de diagnostic de dépression saisonnière, révèle le docteur Anna Wirz-Justice, professeure émérite du centre bâlois de chronobiologie. "A ma connaissance, il s'agit toujours du seul pays à les avoir introduites dans son catalogue des prestations de l'assurance maladie obligatoire".
Les simulateurs d'aube
Un simulateur d'aube, une lampe-réveil qui s'allume progressivement, peut aussi permettre de lutter contre la déprime hivernale.
Deux chercheurs américains, Michael et Jiuan Su Terman, ont montré dans une étude publiée par l'"American Journal of Psychiatry" que la simulation d'aube avait des effets comparables à la luminothérapie.
"C'est une piste très intéressante", juge Jean-Michel Aubry, chargé de cours à la faculté de médecine des HUG. Il utilise lui-même un tel réveil et en est très satisfait.
Il relève toutefois que, pour les scientifiques, une seule étude ne suffit pas à prouver l'efficacité d'une thérapie. Il en faudrait au moins une deuxième.
Pour Vivien Bromundt, ces appareils ont certainement un effet positif. Toutefois, la lumière qu'ils émettent est de quelque 500 lux, donc bien inférieure à celle des lampes de luminothérapie traditionnelles.