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Seniors: chuter augmente le risque de mortalité

En Suisse, vieillir en EMS reste une exception. [Gaetan Bally]
Fréquemment après une chute, les personnes âgées sont contraintes d'aller vivre en EMS. - [Gaetan Bally]
Les chutes de personnes âgées sont reconnues comme un problème de santé publique qui touche près de 400'000 retraités par an. Elles représentent même 90% des accidents dans cette catégorie d'âge. En Suisse, les cantons répondent différemment à ce problème. Entre 30 et 45% des personnes âgées de plus de 65 ans et vivant à domicile ont chuté au moins une fois dans l'année écoulée.

Et 15% d'entre elles sont même victimes de chutes à répétition, peut-on lire dans une contribution publiée dans un des derniers numéros de la Revue médicale suisse. Ces chiffres augmentent avec l'âge. Ainsi 50% des patients de plus de 80 ans chutent au moins une fois par an. De plus, le risque de chuter à nouveau est vingt fois supérieur après une première chute et le risque de décès est multiplié par quatre l'année suivante, note le Docteur Yolanda Espolio Desbaillet, du service de gériatrie à l'Hôpital neuchâtelois Val-de-Travers.

Moins d'activité, moins d'indépendance

Sans entraîner une issue fatale, 5% des chutes se soldent par une fracture et, dans environ un cas sur cent, par une fracture de l'extrémité supérieure du fémur. La moitié des patients hospitalisés pour une chute sont ensuite placés en institution et 25% à 55% des patients ayant fait une chute présentent une peur de chuter à nouveau, induisant une restriction de leurs activités et indépendance. Au vu de ces constatations, le dépistage précoce et la prise en charge de ce syndrome sont indispensables, selon la gériatre neuchâteloise.

D'après elle, les chutes ont généralement plusieurs origines. Plus de 400 facteurs différents ont été identifiés. Les principaux sont les antécédents de chutes, l'âge supérieur à 85 ans, la marche instable et le déclin cognitif. L'environnement et les activités à risque, comme monter et descendre les escaliers, sont jugés responsables de la chute dans 30% à 50% des cas. Les lieux les plus incriminés sont la chambre à coucher, la salle de bain et, bien sûr, les escaliers.

Dépister les chuteurs

L'objectif de l'article du docteur Espolio Desbaillet est de sensibiliser les médecins de premier recours à l'importance de leur implication dans le dépistage des chutes et de leur prise en charge. Plusieurs études ont en outre démontré l'efficacité d'interventions multifactorielles et ciblées permettant d'améliorer la marche et de diminuer le risque de chutes. Il s'agit notamment de mettre en place un programme d'exercices physiques, de revoir la médication du patient en diminuant ou supprimant les benzodiazépines, neuroleptiques ou anti-dépresseurs et d'adapter le lieu de vie. L'évaluation de ce dernier doit être effectuée par des professionnels impliqués dans les soins aux personnes âgées (lire ci-contre).

ats/mej

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Des équipes pluriprofessionnelles

Dans plusieurs cantons, les équipes de soins à domicile sont composées de pluriprofessionnels: ergothérapeutes, physiothérapeutes, infirmières ou tout autre professionnel de santé formé à cette évaluation. Dans d'autres cantons, il peut exister des équipes de gériatrie ambulatoire composées de spécialistes.

Le bilan des facteurs de risque permet avant tout de dépister des patients à risque élevé, mais aussi d'élaborer un programme de prise en charge individuel adapté.

Ce type d'intervention multifactorielle permet de réduire le risque de récidive de chutes jusqu'à 40% et d'anticiper les conséquences négatives telles que les fractures.

L'évaluation pluridisciplinaire n'est toutefois pas toujours facile à coordonner en médecine ambulatoire, constate la gériatre. Ainsi dans certains cantons, des consultations spécialisées ont été mises en place dans le but de simplifier la prise en charge du patient chuteur.

Elles offrent une prise en charge multidisciplinaire permettant de combiner les différentes interventions et actions entreprises. Des programmes ambulatoires concertés doivent être aussi développés entre spécialistes et médecins traitants.