Première étape symbolique: la gare de Lyon Perrache. C'est là que le premier TGV exploité commercialement avait achevé son parcours le 27 septembre 1981, cinq jours après son inauguration. Au cours de ce "Tour de France", le train passera par les principales villes de l'Hexagone, mais aussi par Bruxelles et Genève (le 21 mai). La Cité de Calvin est desservie depuis 1981 par le TGV (lire ci-contre).
La dernière étape le 14 juillet sera elle aussi symbolique: Dijon, sur le parcours de la LGV Rhin-Rhône qui doit entrer en service en décembre. Cette nouvelle ligne intéresse aussi la Confédération. Elle raccourcira le temps de trajet entre Bâle et Paris. Et la Suisse compte s'y raccorder d'ici 2015, à la hauteur de Belfort (F). Le Jura sera alors le canton le plus proche de Paris.
"Grande fierté"
"Cet anniversaire est une grande joie et une grande fierté", confie à l'AFP François Lacôte, directeur technique chez Alstom Transport, qui a piloté le programme TGV à la SNCF puis chez Alstom à partir de 1982. François Lacôte se souvient de "combats difficiles" avec les pouvoirs publics. "Aucun homme politique n'était favorable au TGV. Pour eux, c'était une idée d'ingénieurs qui allait coûter très cher, comme le Concorde", souligne-t-il.
Du coup, la SNCF a payé seule la facture de 18 milliards de francs (3,5 milliards de francs suisses) de la première ligne Paris-Lyon. Pour la seconde, le TGV Atlantique inauguré à la fin des années 1980, l'Etat a financé 30% des infrastructures.
Dès 1981, le TGV a battu le record du monde de vitesse sur rail (380 km/h), un exploit réédité à plusieurs reprises jusqu'au 3 avril 2007 (574,8 km/h). La vitesse commerciale est aujourd'hui de 320 km/ h. Le train vedette de la SNCF a fait office des années durant de vache à lait, mais les charges supplémentaires et la hausse des péages (droits de passage versés à Réseau ferré de France) affectent aujourd'hui son équilibre économique, selon la SNCF.
30% des lignes pas rentables
Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF Voyages, affirmait fin 2010 que la rentabilité du TGV "décroît à grande vitesse", laissant entendre que des dessertes pourraient disparaître. Selon la SNCF, 30% des lignes TGV ne sont actuellement pas rentables.
Malgré l'augmentation du prix des billets, le TGV est pour 84% des Français un moyen de rapprocher les familles, selon un sondage Ipsos pour la SNCF. Selon 78% des personnes interrogées fin mars, il a changé les perceptions de l'espace et du temps et 66% se souviennent de leur premier voyage en TGV.
"Il y a une relation affective absolument incroyable entre le TGV et notre pays. (...) Le TGV est une fierté française, et on n'en a pas tant que ça", relevait récemment Guillaume Pepy, PDG de la SNCF. "Nous avons réussi à mettre le temps de l'avion à la portée de la bourse de ceux qui prenaient le train en seconde classe", dit François Lacôte, se souvenant qu'au début, les gens "disaient 'je prends le TGV', pas 'le train', parce que c'était ringard de prendre le train".
Depuis 1981, le TGV a transporté près de 1,7 milliard de voyageurs. Quelque 800 rames TGV parcourent quotidiennement les 1900 km de lignes à grande vitesse et 6000 km de lignes classiques françaises, pour transporter plus de 141'000 personnes.
ats/bkel
Des liens étroits avec la Suisse
Le TGV français dessert la Suisse depuis ses premiers tours de roue en 1981. En trente ans, le train à grande vitesse s'est imposé pour relier les villes helvétiques à Paris et la Ville lumière n'a cessé de se rapprocher de la Suisse. Et les temps de parcours continuent de raccourcir.
Le 27 septembre 1981 étaient inaugurées les premières liaisons Genève-Paris et Lyon-Paris par le train à grande vitesse. Dès lors, Genève n'était plus qu'à 4h15 de Paris, au lieu des 5h42 nécessaires auparavant. La fin des aménagements de la ligne Paris-Sud-Est en 1983 raccourcit encore le trajet, qui atteint 3h30.
Le premier TGV arrive à Lausanne l'année suivante. Depuis 1996, le "TGV des neiges" va même jusqu'à Brigue (VS) en hiver, permettant aux touristes de rejoindre les stations de ski vaudoises et valaisannes.
En 1987, la première liaison entre deux capitales européennes est réalisée par la ligne Paris-Dijon-Neuchâtel-Berne. Vingt ans plus tard, la nouvelle ligne de l'Est de la France est achevée. Les TGV de Zurich ne doivent désormais plus passer par Berne et Neuchâtel mais circulent par Bâle, jusque là parent pauvre. La ville rhénane est distante de moins de quatre heures de Paris, quatre fois par jour.
Revers de la médaille, une des deux liaisons TGV quotidiennes entre Berne-Neuchâtel-Paris a été supprimée.
A la fin 2010, l'ouverture de la ligne du Haut-Bugey a réduit de 47 km le trajet entre Genève et Paris, permettant de gagner une demi-heure, à 3h05. La société Lyria, filiale de la SNCF et des CFF qui assure les liaisons TGV entre la Suisse et la France, compte encore grappiller une dizaine de minutes à l'avenir.
Dernier projet en date, la branche Est du TGV Rhin-Rhône devrait être mis en service en décembre entre Mulhouse et Dijon. La Suisse souhaite s'y raccorder en 2015 à la hauteur de Belfort (F). Le Jura sera alors le canton le plus proche de Paris.