"Les autorités de l'aviation civile travaillaient vraiment à l'aveuglette. Elles ne savaient pas, mais heureusement elles ont pris la bonne décision", a déclaré à l'AFP le professeur Susan Stipp, directrice d'une équipe chargée d'étudier les dangers représentés par les cendres de l'Eyjafjöll.
L'étude, menée en coopération avec une équipe de l'Université d'Islande dirigée par le professeur Siggi Gislason, a été publiée par la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS
Parés pour le prochain nuage
Les avions ont l'habitude de traverser des nuages de poussière, mais dans le cas de l'Eyjafjöll, "les particules (de cendre) étaient pointues (...) C'est comme décaper l'avion", a-t-elle expliqué. En outre, ces particules "pouvaient fondre aux températures habituelles des moteurs d'avion (...) et ainsi causer leur arrêt", a ajouté Susan Stipp.
"Les craintes pour le transport aérien étaient bien fondées", concluent les chercheurs qui proposent un protocole visant à déterminer rapidement le niveau de menace que représenterait un nouveau nuage de cendres. "En 24 heures, nous pouvons donner (aux autorités) les informations dont elles ont besoin pour mieux juger de la dispersion des particules et pour déterminer si la cendre va menacer l'intégrité de l'avion ou juste le gêner", a assuré Mme Stipp.
10 millions de passagers touchés
Le 14 avril 2010, l'Eyjafjöll est entré en éruption propulsant dans l'atmosphère un immense panache de cendre qui s'est élevé jusqu'à 9000 mètres. Les vents ont poussé ce nuage vers le sud-est, contaminant petit à petit une grande partie du ciel européen et provoquant la fermeture d'un immense espace aérien.
Après la Norvège première touchée, plus de dix pays ont cloué au sol tous les vols: durant près d'un mois, l'Eyjafjöll a ainsi causé le chaos dans le ciel européen, provoquant l'annulation de plus de 100'000 vols et touchant plus de 10 millions de passagers.
Des voix s'étaient alors élevées pour remettre en question la pertinence d'une telle fermeture de l'espace aérien, mettant en doute les dégâts que pouvaient causer les particules de cendre sur un avion et ses moteurs.
afp/cmen