"La vache clonée, baptisée Rosita ISA, est le premier bovin né au monde avec deux gènes humains contenant les protéines présentes dans le lait maternel", selon l'Institut national de technologie agricole (INTA).
"Cela ne va rien changer pour les femmes mais pour les bébés si, en les protégeant contre des maladies et en améliorant l'absorption de fer", a expliqué Nicolas Mucci, l'un des trois responsables des recherches menées par l'INTA et l'Université nationale de San Martin.
Selon lui, des chercheurs chinois ont annoncé récemment avoir mis au point un procédé similaire, mais en clonant deux vaches portant chacune l'un des deux gènes. L'équipe argentine a réussi à implanter les deux dans une même vache.
Plusieurs qualités
Le veau est né le 6 avril "par césarienne, en raison de son poids excessif, 45 kilos, alors que les (vaches) Jersey ne dépassent pas habituellement les 22 kilos" à la naissance, selon l'INTA. Il est surveillé "24 heures sur 24", a expliqué Nicolas Mucci.
"L'objectif était d'améliorer la valeur nutritionnelle du lait de vache en ajoutant deux gènes humains, la protéine lactoferrine et le lysozyme", a déclaré un autre chercheur, Adrian Mutto, de l'Université nationale de San Martin, lors d'une téléconférence diffusée sur internet.
Le lysozyme est une enzyme très peu présente dans le lait de vache, mais en revanche on la retrouve dans le lait maternel de façon très concentrée au cours de la première semaine de lactation.
La lactoferrine existe chez tous les mammifères et permet d'assimiler le fer pour fabriquer des globules rouges. Mais elle est spécifique à chaque espèce, et donc la lactoferrine bovine n'agit pas sur les humains. Cette protéine favorise également la pousse des dents et le développement de cellules intestinales, antibactériennes, antivirales et antifongiques.
Résultats dans dix mois
Dans dix mois, les chercheurs vont pouvoir confirmer si les protéines sont bien présentes dans le lait de Rosita, en effectuant une simulation de grossesse. L'objectif de l'expérience est qu'à l'âge adulte, la vache puisse produire "du lait similaire à celui des êtres humains", indique l'Institut.
Selon lui, il n'existe pas à ce jour de mammifères portant deux gènes modifiés. A l'âge adulte, la vache pourra "avoir des enfants qui auront des gènes modifiés dans 25 à 30% des cas", a-t-il ajouté, "ce qui ouvre des perspectives pour les générations futures", selon l'INTA.
ats/vkiss