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La navette Atlantis a été lancée avec succès

Atlantis a été lancée avec succès vendredi matin à Cap Canaveral devant des centaines de milliers d'admirateurs, le coeur serré devant la dernière mission d'une navette spatiale américaine. C'est l'ultime lancement en trente ans de carrière des navettes.

Le lancement, prévu initialement à 11H26 locales (15H26 GMT), a été retardé de trois minutes: la navette s'est finalement arrachée de son pas de tir à 11H29 (15H29 GMT), deux minutes avant la fermeture prévue de la "fenêtre" pour le décollage.

Le dernier lancement d'une navette n'a pas manqué d'émotion et de suspens, avec l'arrêt du compte à rebours 31 secondes avant le décollage. "C'est un problème d'un indicateur électronique", a expliqué Allard Beutel, porte-parole du Centre Spatial Kennedy.

Selon cet indicateur, un bras à l'extrémité duquel se trouve une "coiffe" recouvrant le haut du réservoir externe de l'orbiteur ne s'était pas complètement replié, ce qui a provoqué l'arrêt du compte à rebours. Mais les responsables du tir ont constaté, en regardant les images des caméras, que ce bras était bien replié. Ils ont donc relancé le compte à rebours.

Dans un énorme panache de vapeur blanche, Atlantis a quitté la terre ferme sous les cris du million de passionnés venus selon la Nasa assister au tir au Centre spatial Kennedy près de Cap Canaveral, le dernier en 30 ans de carrière des navettes. Atlantis effectue pour sa part sa 33e et ultime mission depuis la première en octobre 1985.

Vidéos du National Geographic retraçant les grandes dates de la navette spatiale)

Avant le décollage, le directeur du lancement de la Nasa, Mike Leinbach, avait souhaité "bonne chance" et "bon vent" à l'équipage. La Nasa a redouté jusqu'au dernier moment que les nuages n'empêchent le gros oiseau blanc de quitter la Terre.

Mission de 12 jours

Les deux fusées d'appoint, qui assurent 80% de la poussée au début de l'ascension de huit minutes trente pour atteindre l'orbite, se sont séparées comme prévu deux minutes après le décollage pour retomber dans l'Atlantique où elles seront récupérées. Ensuite, Atlantis dépend seulement de ses trois moteurs cryogéniques pour atteindre l'orbite à 225 km d'altitude.

Durant cette mission de 12 jours, dont huit amarrés à l'ISS, Atlantis et son équipage livreront 3,7 tonnes de vivres, équipements et pièces de rechange devant permettre à l'avant-poste orbital et aux six astronautes présents en permanence de faire face à leurs besoins pendant un an.

La navette acheminera aussi un mécanisme robotique expérimental destiné à refaire le plein de carburant des satellites afin d'en prolonger le fonctionnement.

Atlantis, dont le retour sur Terre est en principe prévu le 20 juillet peu avant 7H00 du matin (11H00 GMT), ramènera dans sa soute des équipements usagers et des déchets de l'ISS.

afp/ats/olhor

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La réaction de l'astronaute suisse Claude Nicollier

L'abandon du programme des navettes spatiales par les Etats-Unis est "dans l'ordre des choses", estime l'astronaute suisse Claude Nicollier. Mais elle ne marque en rien la fin de l'hégémonie américaine dans l'espace.

"Tout programme de ce type a une fin. Celle-ci est un peu avancée à cause du coût élevé de chaque vol de la navette et aussi, il faut le dire, du niveau de sécurité inférieur à ce que l'on attend d'un pareil système de transport spatial. On ne peut que s'incliner vis-à-vis de cette décision", a déclaré jeudi à l'ats Claude Nicollier, qui a effectué quatre missions dans l'espace entre 1992 et 1999.

Pour l'astronaute vaudois, "les Etats-Unis ont respecté leurs engagements vis-à-vis des partenaires de ce programme", puisque l'arrêt de l'utilisation de la navette spatiale intervient après l'achèvement de l'assemblage de la Station Spatiale Internationale (ISS). Le mandat de la Nasa est la recherche et l'exploration de l'espace, dans un but pacifique, non commercial et non militaire, a rappelé Claude Nicollier.

Or "le transport de personnes et de matériel de la surface de la Terre vers l'orbite terrestre basse n'est plus de l'exploration en soi aujourd'hui", a-t-il expliqué. Il est donc cohérent, à ses yeux, que la Nasa en vienne à se détacher de pareilles tâches et à se tourner vers d'autres objectifs correspondant mieux à son mandat, en se concentrant notamment sur des missions dans l'espace lointain.

La fierté d'Obama

Barack Obama a dit sa "fierté" vis-à-vis du programme de la navette spatiale qui touche à sa fin après le lancement d'Atlantis vendredi, et réaffirmé l'ambition de voir un jour un de ses compatriotes conquérir la planète Mars.

"Je sais que les Américains partagent ma fierté vis-à-vis ce que nous avons réussi en tant que pays, et mon impatience vis-à-vis du prochain chapitre de notre prééminence dans l'espace", a affirmé Obama.

"Derrière Atlantis et son équipe de braves astronautes se tiennent des milliers d'employés qui se sont jetés corps et âme dans le programme de la navette spatiale américaine ces 30 dernières années. A eux, et à tous les membres de la Nasa, je veux dire ma sincère gratitude", a-t-il ajouté.

Alors que les prochains Américains dans l'espace voyageront dans des capsules russes, Barack Obama a assuré que le dernier lancement d'une navette "nous propulse dans une nouvelle ère de notre aventure sans fin pour repousser les frontières de l'exploration spatiale".

Obama avait pourtant annoncé début 2010 l'annulation du programme Constellation de retour des Américains sur la Lune vers 2020, en prélude à la conquête de Mars, décidé par son prédécesseur républicain George W. Bush.

En avril suivant, le président avait en revanche fixé l'ambition d'envoyer des astronautes en orbite autour de la planète Mars vers 2035, pour qu'ils s'y posent à terme, formulant le voeu de voir cet événement avoir lieu de son vivant.