Malgré la pluie s'abattant sur le pas de tir de Sinnamary, commune voisine de Kourou, le portique mobile haut de 53 mètres protégeant le mythique lanceur russe l'a libéré vers 06H30 heure locale. Puis les puissants moteurs de Soyouz se sont allumés comme prévu une heure plus tard, embrasant d'une vive lueur jaune les sombres nuages bas sous les applaudissements des nombreux journalistes et employés du Centre spatial guyanais (CSG) venus assister à cette première historique.
Environ deux minutes plus tard, la fusée s'est séparée des quatre propulseurs qui constituent son premier étage, poursuivant sa course vers l'espace. Moins de dix minutes après le décollage, le troisième étage du lanceur s'est décroché de l'étage supérieur "Fregat" qui renferme les deux satellites. "Fregat" a alors allumé son propre moteur, pour venir placer les satellites en orbite, à plus de 23'000 km d'altitude.
Concurrent civil du GPS américain
Le système de navigation européen Galileo compte offrir une meilleure résolution que son concurrent américain GPS. Alors que le GPS et le GLONASS russe sont sous contrôle militaire, Galileo est entièrement placé dans le domaine civil, insistent ses concepteurs. Les Européens ont voulu disposer de leur propre technologie, plus performante et surtout indépendante du système militaire américain GPS.
Financé à 100% par la Commission européenne (environ 5 milliards d'euros pour la première partie de la constellation de satellites) et mis en oeuvre par l'ESA (agence spatiale européenne), Galileo assure pouvoir fournir une meilleure couverture et une meilleure précision que ses concurrents, grâce à une constellation plus dense et une orbite plus élevée.
Opérationnel en 2014
Les quatre premiers satellites - y compris les deux lancés vendredi - sont destinés à "valider" le fonctionnement du système en orbite tout en fournissant les premiers services opérationnels de Galileo, annoncés pour la fin 2014 ou début 2015. Galileo prévoit d'aligner un total de 30 satellites (dont trois de secours) à 23'222 km alors que le GPS dispose de 24 satellites (dont trois de secours) à 20'200 km d'altitude. Résultat: le système américain affiche une précision de trois à huit mètres contre un mètre promis par le projet européen.
afp/pima
Soyouz est fabriqué en série
Avant d'effectuer vendredi le premier tir de son histoire depuis le Centre spatial guyanais (CSG), la mythique fusée Soyouz a parcouru des milliers de kilomètres en train et en bateau depuis son site de construction historique en Russie.
Depuis sa conception dans les années 60, Soyouz ("Union" en russe) est fabriqué en série dans le complexe spatial de Samara, sur les bords de la Volga.
En raison de la demande continue du gouvernement russe, des besoins de la Station spatiale internationale (ISS) et des commandes commerciales, ce lanceur est produit sans interruption à raison de 15 à 20 exemplaires par an en moyenne, avec une pointe record à 60 unités au début des années 1980.