Un ingénieur a levé les scellés de la porte et les six astronautes - les Russes Soukhrob Kamolov, Alexeï Sitev et Alexandre Smoleevski, le Chinois Wang Yu, le Français Romain Charles et l'Italo-Colombien Diego Urbina, - sont sortis du vaisseau.
"C'est vraiment, vraiment, super de tous vous voir à nouveau, ça fait chaud au coeur", a déclaré Diego Urbina, après avoir passé 17 mois dans un faux vaisseau spatail de 550 m3. "Nous avons vécu le plus long isolement jamais réalisé, ainsi on sait que l'homme peut aller vers une planète lointaine, mais atteignable", a-t-il ajouté.
520 jours d'isolement
L'expérience, qui a commencé le 3 juin 2010 à l'Institut russe des problèmes médicaux-biologiques (IMBP) dans la périphérie de Moscou, a duré 520 jours, afin de simuler près de 250 jours de voyage aller - le temps nécessaire pour rejoindre Mars - un mois d'expérience en février sur la Planète rouge et le voyage de retour vers la Terre.
Ce projet, d'un coût de quinze millions de dollars vise à répondre à une des questions centrales de l'aventure spatiale: peut-on rester sain et en bonne santé durant les six mois nécessaires à une fusée pour atteindre la Planète rouge ?
Un des objectifs de cette mission était de recréer les conditions de tension psychologique d'une vraie mission sur Mars. Les psychologues veulent à présent découvrir les conséquences du retour à la vie normale pour les six "cobayes" après un si long isolement.
Sortie sur Mars simulée
Les astronautes seront placés en quarantaine pendant quatre jours pour effectuer des examens médicaux, avant de donner le 8 novembre une conférence de presse.
Durant ces 520 jours, les six membres d'équipage ont été soumis à des rations semblables à celles de vrais astronautes et se sont rarement douchés. Ils ont recueilli des échantillons d'urine et de sang, sous la surveillance permanente de caméras, sauf dans les toilettes, offrant une comparaison avec une émission de téléréalité.
Trois "astronautes" ont même enfilé une combinaison spatiale de 32 kg pour marcher dans une chambre sombre imitant la surface de Mars.
Le chemin vers Mars est encore long
Malgré cette expérience, le chemin est encore long pour imaginer les hommes fouler la surface de Mars. Il faudra attendre des décennies avant de pouvoir protéger les astronautes des radiations cosmiques, de se poser sur Mars après un voyage de 56 millions de km à travers le système solaire et enfin de pouvoir les ramener vivants.
Il s'agit notamment de concevoir un bouclier à la fois compact, efficace et léger. Les Etats-Unis et la Russie projettent chacun de construire un vaisseau qui pourrait être utilisé pour une mission vers Mars, mais la phase de conception de l'engin n'en est encore qu'au stade initial.
Le président américain Barack Obama a évoqué un possible vol habité américain vers la planète rouge pour le milieu des années 2030.
Le Français Romain Charles estime que voler vers Mars "est la prochaine étape pour l'expansion de l'homme". "Si une catastrophe menace la planète, nous devrions pouvoir chercher refuge dans un autre corps céleste", glisse-t-il.
agences/cer
Un 1er essai raté en 2000
Une première expérience similaire à celle du module Mars 500 réalisée en 2000 s'était soldée par un fiasco.
Deux participants, qui avaient forcé sur la bouteille, en étaient venus aux mains.
Un troisième avait tenté d'embrasser de force une femme de l'équipage.
Lors de la mission actuelle, l'équipage était exclusivement masculin.
Les réactions de protagonistes
"Mission accomplie. L'équipage est en bonne santé et prêt pour de nouvelles missions", a déclaré le capitaine russe Alexeï Sitev. Il a confié rêver à présent "de mer et de sable chaud"...
"Je suis fier de prouver, avec mes coéquipiers, qu'un voyage habité vers la Planète rouge est réalisable. Nous avons tous acquis une expérience qui nous aidera à concevoir et programmer de futures missions vers Mars", a commenté le Français Romain Charles.
Le participant chinois a été plus laconique: "Après 520 jours, nous sommes finalement de retour".
Le directeur de l'ESA Jean-Jacques Dordain a remercié tous les participants pour leur "effort remarquable".
"Ce projet a été un succès parce qu'aucun des membres ne l'a quitté avant terme", a estimé le médecin Alexandre Souvorov, responsable du projet côté russe. "Malgré les différences de culture, d'éducation et d'habitudes, les membres de l'équipage ont gardé des relations amicales et chaleureuses", a-t-il poursuivi.