"Nous sommes heureux d'annoncer que vous pouvez désormais acheter des millions de chansons" sur l'Android Market, la plateforme d'applications et de contenus numériques du groupe (films, livres, etc), a déclaré le directeur des produits de Google, Paul Joyce, lors d'une présentation à la presse à Los Angeles. Ce service, baptisé Google Music, est accessible depuis les Etats-Unis, a-t-il ajouté.
Pour les stars et les indépendants
Il est dès maintenant possible d'acheter des titres sur Android Market et Google Music sera décliné dans les prochains jours sur les téléphones multifonctions et les tablettes numériques équipés du système d'exploitation du groupe, Android, a expliqué Google.
Pour lancer son nouveau service, le groupe californien s'est appuyé sur des stars mondiales comme Coldplay, Shakira ou les Rolling Stones, dont des titres seront proposés en exclusivité, certains gratuitement. Les chansons achetées sur l'Android Market peuvent être partagées avec des amis sur le réseau social maison, Google+, une possibilité qui n'existe pas chez les concurrents du groupe. Le partage se limite toutefois à une seule écoute par titre.
Google a aussi conçu son magasin en ligne pour permettre à des musiciens indépendants de vendre des chansons directement, et au prix de leur choix. "Nous pensons que ce sera une nouvelle destination musicale dans l'espace numérique", s'est félicité Charles Caldas, directeur général de Merlin, une entreprise qui aide les musiciens indépendants à développer leur carrière.
Android dopé ?
Google avait déjà lancé au mois de mai une version test de ce service, qui permettait aux utilisateurs de stocker des chansons sur des librairies virtuelles, à la manière d'iTunes. En "dématérialisant" ainsi la musique, Google Music permet de les écouter via internet sur smartphones, tablettes et autres gadgets électroniques. Jusqu'à 20'000 chansons peuvent être stockées sur Google Music, qui concurrence un service équivalent lancé en mars par Amazon.
"C'est quelque chose que Google devait faire pour que la plateforme Android soit prise au sérieux", a commenté un analyste du cabinet Gartner, Michael Gartenberg. Si Google Music "n'a pas vraiment mis la barre plus haut" que ses concurrents, "il fallait bien commencer quelque part", a-t-il souligné.
De fait, ce nouveau service ne devrait pas - pour l'instant - inquiéter iTunes, pionnier du secteur, mais pourrait par contre doper la croissance d'Android, qui équipe déjà plus de 200 millions d'appareils mobiles dans le monde, a observé Michael Gartenberg. Plus tôt cette année, Google a également lancé un service de location de films et autres contenus par internet à partir d'Android Market.
afp/dk/olhor
Un accord avec trois des quatre majors
Google n'a pour l'instant signé qu'avec trois des quatre grandes maisons de disque mondiales : Universal, EMI et Sony Music. Un accord n'a pas encore été trouvé avec Warner Music, qui gère notamment la discographie de Madonna.
"Un accord avec Google pour la vente de notre catalogue est révolutionnaire à plusieurs niveaux", a commenté Robert Wells, président des activités numériques d'Universal Music.
"Nous nous attendons à ce que cela représente un flux de revenus important pour nos artistes", a-t-il ajouté en rejoignant d'autres responsables de l'industrie musicale sur la scène où se déroulait la présentation.
Spotify a débarqué en Suisse
Le service de streaming musical Spotify vient de s’étendre dans de nombreux pays à travers l’Europe, dont la Suisse depuis mercredi. La Belgique et l’Autriche viennent aussi de rejoindre les pays autorisés à utiliser la plateforme d'écoute née en Suède en 2008.
L'internaute helvétique a désormais accès à un catalogue de 15 millions de titres, diffusés en flux continu ou en écoute différée. Grâce à un accord trouvé avec la Société suisse pour les droits des auteurs d’œuvres musicales (SUISA), Spotify devient le premier géant international du streaming à franchir les portes helvétiques. Le service qui dit compter 10 millions d'utilisateurs dans le monde se pose en solide alternative au téléchargement illégal. Jusqu'à présent, seul les services de la société suisse Simfy étaient disponibles sur le territoire.
En Suisse, une version gratuite de Spotify (spots publicitaires imposés et temps d'écoute limité) et deux versions payantes (sur abonnement, sans pubs, sans limite de temps mais avec ou sans accès de la bibliothèque musicale sur son smartphone) sont disponibles. Les versions payantes coûtent respectivement 6,45 francs et 12,95 francs par mois.
On apprend par ailleurs par le biais du site du quotidien français Libération que 238 labels indépendants ont dans le même temps retiré leurs catalogues de Spotify. Réunis à l'enseigne du distributeur ST holdings, les labels justifient leurs décisions dans un communiqué: «Bien que ces services permettent de promouvoir notre musique à des millions de personnes, nous avons peur qu'ils ne cannibalisent les revenus des ventes digitales traditionnelles.
Et d'ajouter qu'«en tant que distributeur, nous devons faire ce qui est le mieux pour nos labels. La majorité d'entre eux ne veut plus que leur musique soit sur de tels sites. Ils ne rapportent que peu d'argent, et ont un effet nuisible sur les ventes. En plus, les labels ont le sentiment que leur musique perd toute sa spécificité en étant exploitée comme une marchandise qui a très peu, ou aucune valeur. Pour reprendre l'expression de l'un des labels: “Gardons notre musique spéciale, fuck Spotify”.»