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Effet majeur de la fonte du pergélisol sur le climat

La fonte du sol gelé des régions arctiques (ou permafrost) libérerait des tonnes de gaz à effet de serre, dont du CO2 et du méthane. [University of Florida - Edward Schuur]
La fonte du sol gelé des régions arctiques (ou permafrost) libérerait des tonnes de gaz à effet de serre, dont du CO2 et du méthane. - [University of Florida - Edward Schuur]
La fonte accélérée des sous-sols arctiques gelés, le pergélisol, va accentuer l'effet du réchauffement climatique dans des proportions d'autant plus inquiétantes qu'elles sont largement sous-estimées par les modèles actuels, dit une étude.

Le pergélisol des régions arctiques, qui reste habituellement gelé tout au long de l'année, est en train de fondre. Ce pergélisol constitue une gigantesque réserve de carbone organique, les restes des plantes et des animaux qui se sont accumulées dans le sol au fil des millénaires. Ce stock de carbone est neutralisé par le gel dans le sous-sol, mais avec la fonte du permafrost, les organismes microbiens commencent à le décomposer et à en libérer une partie dans l'atmosphère.

Au total, les terres arctiques renfermeraient quelque 1700 milliards de tonnes de carbone. C'est "environ quatre fois plus que tout le carbone émis par les activités humaines au cours des temps modernes et le double de ce que contient l'atmosphère actuellement", soulignent deux biologistes américains, Edward Schuur et Benjamin Abbott, dans un commentaire publié mercredi par la revue britannique Nature.

Trois fois plus que les estimations

Selon ces scientifiques et une quarantaine d'experts internationaux du réseau Permafrost Carbon Network signataires de l'étude, ce chiffre représente "plus du triple" des estimations précédentes utilisées dans les modèles de changement climatique.

La raison de cet écart est toute simple: on mesure habituellement le carbone au sein du premier mètre de sol en surface. Mais au fil des millénaires, l'alternance de gel et de dégel et la migration des sédiments ont produit un effet de "brassage" qui a enfoui le carbone du pergélisol beaucoup plus profondément, expliquent ces experts.

Selon leurs calculs, la fonte du pergélisol va relâcher dans l'atmosphère un volume de carbone équivalent à celui produit par la déforestation, si cette dernière se poursuit au rythme actuel.

Méthane encore plus dangereux

Mais ces émissions auront un impact sur le réchauffement climatique 2,5 fois plus élevé, car la fonte du pergélisol produit non seulement du dioxyde de carbone (CO2) mais aussi du méthane (CH4), un gaz à effet de serre particulièrement redoutable. L'impact potentiel du méthane sur le réchauffement est environ 25 fois supérieur à celui du CO2 à un horizon d'une centaine d'années, insistent les membres du réseau Permafrost Carbon Network.

En fonction de différents scénarios retenus par le GIEC (Groupe d'experts sur l'évolution du climat), ils ont donc tenté d'évaluer la fonte du pergélisol et les émissions de carbone qui en découleraient, obtenant selon eux des "résultats frappants". Si la température moyenne des zones arctiques augmentait de 2,5 degrés (par rapport à la moyenne de la période 1985-2004), le pergélisol relâcherait 30 à 63 milliards de tonnes de carbone (CO2 et méthane confondus).

Avec une augmentation de 7,5 degrés d'ici 2100, on passerait à une quantité de 232 à 380 milliards de tonnes. Une estimation "1,7 à 5,2 fois plus grande" que celles retenues par des études récentes sur la base de scénarios similaires, relèvent les auteurs.

Quel que soit le scénario de réchauffement retenu, l'essentiel du carbone émis dans l'atmosphère serait du CO2, le méthane ne représentant qu'environ 2,7% du total. "Néanmoins, le CH4 ayant un potentiel de réchauffement global plus élevé, il serait responsable de plus de la moitié du changement climatique induit par les émissions de carbone du pergélisol", soulignent-ils.

ats/pbug

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