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Twitter est accusé de se plier à la censure

A deux semaines des élections fédérales, les fils Twitter des candidats se garnissent de consignes de votes et de photos d'eux sur les marchés romands. [Nicholas Kamm]
Le service de microblogging twitter se retrouve dans le collimateur des défenseurs de la liberté d'expression. - [Nicholas Kamm]
Le site de microblogs Twitter, dont le rôle de média libre a été salué durant le printemps arabe, était accusé vendredi de se plier à la censure après voir annoncé qu'il serait en mesure de bloquer des messages dans certains pays si la législation locale l'exigeait.

Lors de l'attaque des hackers d'Anonymous suite à la fermeture du site de partage de fichiers Megaupload par le FBI, Twitter avait effacé plusieurs mots-clés de ses classements des termes les plus employés et ainsi déclenché une vague d'indignation. Les mesures annoncées jeudi par le site de microblogging agitent à nouveau le web.

Désormais, a indiqué Twitter, certains messages pourront être bloqués dans des pays spécifiques, alors que jusqu'à présent les messages bloqués l'étaient dans le monde entier. "Nous n'avons pas encore utilisé cette capacité, mais si on nous demande de bloquer un message dans un pays spécifique, nous essaierons de contacter l'internaute, et nous indiquerons clairement quand le message a été bloqué", a précisé le site.

En annonçant cette mesure jeudi, Twitter a expliqué que des pays respectant la liberté d'expression "interdisent certains messages, comme la France ou l'Allemagne qui interdisent les messages pro-nazis".

Reporters sans frontières s'inquiète

Dans son message d'explication, Twitter met en avant le fait que des pays respectant la liberté d'expression interdisent déjà certains messages.
Dans son message d'explication, Twitter met en avant le fait que des pays respectant la liberté d'expression interdisent déjà certains messages.

"Reporters sans frontières est très inquiète de la décision de Twitter de collaborer avec les censeurs", a réagi l'association de défense de la liberté de la presse. "Votre nouvelle politique sonne-t-elle le glas de toute mention des révolutions arabes et des manifestations à Manama sur le service Twitter accessible à Bahrein?", a interrogé le directeur de RSF Olivier Basille dans une lettre ouverte au président et cofondateur de Twitter Jack Dorsey.

"Les Vietnamiens utilisant votre réseau social dans leur pays ne pourront-ils plus dénoncer les conséquences néfastes de l'exploitation des mines de bauxite sur l'environnement ? Allez-vous bloquer les messages liés aux revendications de la minorité kurde en Turquie ? Les internautes russes verront-ils leurs critiques du pouvoir en place modérées ?", a ajouté Olivier Basille.

"Votre décision a-t-elle été motivée par la volonté d'entrer à tout prix sur le marché chinois ?", a-t-il encore demandé.

D'autres internautes se sont demandé si cette annonce était liée à l'investissement de 300 millions de dollars du milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal annoncé en décembre, Ryad exerçant un contrôle strict d'internet.


mre avec afp

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