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Des crottes fossilisées révèlent un génome préhistorique

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Les "coprolithes", fossiles d'excréments minéralisés, sont particulièrement intéressants puisqu'ils renferment à la fois l'ADN de leur propriétaire et celui de ses aliments. - [Hai-lu You]
Des scientifiques français, étudiant la hyène des cavernes, ont démontré que les excréments fossilisés constituaient l'un des meilleurs gisement d'informations génétiques sur les carnivores préhistoriques.

Des chercheurs français sont parvenus à reconstituer une partie du génome de la hyène des cavernes, une espèce préhistorique depuis longtemps disparue, à partir de ses seuls excréments. Les scientifiques du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ont aussi découvert dans ces crottes fossilisées l'ADN de cerfs rouges dont se nourrissaient les hyènes des cavernes, démontrant que ces excréments anciens constituent un gisement d'informations sur les carnivores préhistoriques.

Les récents progrès de la génétique et du calcul informatique ont permis depuis lors d'accumuler des données de plus en plus précises et de décrypter des génomes beaucoup plus anciens, par exemple celui du mammouth ou de l'homme de Neandertal, à partir de leurs restes.

ADN difficile à exploiter

A ce titre, les "coprolithes", fossiles d'excréments minéralisés, sont particulièrement intéressants pour les paléontologues puisqu'ils renferment à la fois l'ADN de leur propriétaire et celui de ses aliments. Mais cet ADN ancien reste particulièrement difficile à exploiter, le processus de digestion ajoutant encore à la dégradation des séquences génétiques liée au passage du temps.

Les chercheurs du CEA ont relevé le défi en collectant neuf crottes fossilisées sur le sol de la Grotte Coumère, en Ariège (sud-ouest de la France), attribuées à des hyènes des cavernes ("Crocuta crocuta spelaea"), un animal très répandu en Eurasie au Pléistocène, explique l'étude, publiée mercredi dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B.

Au total, près de 50% de l'ADN trouvé dans les échantillons peut être attribué à une hyène des cavernes, un taux de fiabilité qui rivalise avec celui des restes d'animaux préhistoriques préservés dans les glaces: 40% pour une dent d'ours polaire et 55% pour un os de mammouth par exemple.

Par comparaison, les échantillons de dents ou d'ossements provenant de cavernes préhistoriques, où le gel n'a pas contribué à préserver l'ADN, contiennent habituellement moins de 6% d'ADN animal ou humain, relève l'étude.

ats/vkiss

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Analyses ADN depuis 1984

Les premières analyses ADN sur des restes d'animaux disparus (os, dents, poils, etc.) ont été menées dès 1984, sur un quagga, une espèce de zèbre éteinte à la fin du XIXe siècle. Mais il aura fallu attendre 2001 pour obtenir le premier génome complet d'une espèce éteinte, les moas, oiseaux géants de Nouvelle-Zélande qui ont disparu vers l'an 1500.