Les Etats-Unis développent une application mobile pour la liberté d'expression
Ceux qui vivent dans des pays où le gouvernement contrôle internet pourraient bientôt pouvoir déjouer cette surveillance, grâce à une application pour téléphones intelligents (smartphones) ou un réseau sans fil invisible aux censeurs. "Commotion Wireless", un projet financé par le gouvernement américain et mis au point à Washington, sera disponible en début d'année prochaine.
Le but de l'application est de promouvoir la liberté d'expression en tenant compte du fait que de plus en plus de gens utilisent des gadgets mobiles. C'est un "système utile pour ceux qui veulent communiquer quand leur gouvernement ne le veut pas", résume Sascha Meinrath, responsable du projet à la New America Foundation (Fondation Nouvelle Amérique).
Facebook et Twitter pas toujours efficaces
Facebook et Twitter ont joué un rôle important pendant le "Printemps arabe", mais ces réseaux sociaux peuvent être utilisés par les gouvernements pour traquer les dissidents. Au contraire, "Commotion", surnommé "Internet dans une valise", est conçu comme un réseau en forme de filet où l'on se connecte de proche en proche, sans point d'accès centralisé facile à couper.
Le logiciel de cryptage de l'application peut être transféré d'un smartphone. Ainsi, s'il est bloqué dans un pays, il suffit d'une personne et de son appareil pour le transférer sur un autre ordinateur, et le retransférer à d'autres. "Ces applications peuvent être bloquées, mais si une personne entre dans le pays avec un téléphone portable qui la contient, l'application peut être distribuée", a précisé la responsable, ajoutant: "ce sera très difficile d'en stopper la propagation".
Système au point en 2013
Le système n'est pas encore au point mais le sera l'an prochain, et il sera conçu pour être "sécurisé même si les appareils sont infiltrés", dit-il. "Commotion" est l'un des projets financé par le département d'Etat pour promouvoir la liberté sur internet, avec un budget de 76 millions de dollars pour ces quatre dernières années alors que 25 nouveaux millions sont budgetés.
Le projet n'est pas secret. Le secrétaire d'Etat adjoint aux droits de l'homme Michael Posner a récemment fait savoir que son ministère soutenait "une dizaine de technologies" de ce type. Parmi elles, une application permet la mise en place d'une sorte de "bouton d'extrême urgence" ("panic button") pour smartphones, qui fait disparaître les pages ouvertes, un programme identifie les contenus censurés et des programmes de formation apprennent aux militants à savoir comment continuer à communiquer.
Lorsque le projet "Internet dans la valise" a été connu, les plus hauts responsables des services secrets iraniens ont fait savoir qu'ils s'y préparaient et travaillaient à une riposte.
afp/pbug