L'agence indépendante chargée de réglementer les noms de domaine internet, l'Icann, a indiqué mercredi avoir reçu 1930 dossiers de candidats à la gestion de nouveaux suffixes, tels que .music, .miami ou .swiss (lire encadré), dont près de la moitié viennent d'Amérique du Nord.
Au total, 911 organisations basées aux Etats-Unis et au Canada ont payé les 185'000 dollars (178'000 francs) nécessaires pour demander un nom de domaine dépassant les habituels .com ou .org. Pour les autres dossiers, 675 émanent d'Europe, 303 de la région Asie-Pacifique, 17 d'Afrique et 24 d'Amérique latine.
Nombreux suffixes géographiques
Selon l'Icann, 66% des nouveaux noms de domaine proposés sont de nature géographique, comme .paris ou .nyc. Et 116 des dossiers concernent des noms de domaine qui ne sont pas en alphabet latin, ce qui donnera la possibilité, notamment aux Chinois ou Indiens, d'utiliser internet avec les caractères d'écriture de leur langue natale.
Les entreprises, associations, organisations et célébrités qui souhaitaient déposer auprès de l'Icann des requêtes pour des nouveaux noms de domaine internet pouvaient le faire entre janvier et le 30 mai. Actuellement il n'existe que 22 suffixes homologués.
Outre les 185'000 dollars pour obtenir le suffixe d'une marque (".apple", ".toyota" ou ".nutella"), d'un produit (".caméra", ".vélo", ".chaussure"), ou d'un autre mot, il en coûte 25'000 dollars (24'000 francs) de frais annuels. L'Icann a encaissé plus de 352 millions de dollars en frais de dossier.
Commissions annuelles
L'Icann doit examiner les demandes, qui devraient être validées à partir d'avril 2013. Cet élargissement, révolutionnaire mais controversé, est rendu nécessaire par l'explosion du nombre d'internautes, à deux milliards de personnes dans le monde dont la moitié en Asie, a fait valoir l'Icann.
Les sociétés qui obtiendront les droits sur certains suffixes pourront ensuite percevoir des commissions annuelles des sociétés gérant des noms de domaine avec ces suffixes.
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agences/vtom
Made in .swiss
Les noms de domaines internet pouvant prouver un lien avec la Suisse devraient arborer l'extension .swiss dès l'an prochain.
Aujourd'hui, n'importe qui peut enregistrer -depuis n'importe où- un nom de domaine se terminant par .ch, sans avoir à prouver qu'il existe un lien avec la Suisse. Tel ne sera pas le cas avec .swiss.
En déposant auprès de l'ICANN un dossier de candidature pour l'obtention de l'extension .swiss, le Département fédéral de la communication (DETEC) entend défendre les intérêts de la Suisse et éviter toute monopolisation ou usage abusif par des tiers de la dénomination géographique "Suisse".
Critiques de la chasse aux noms de domaine
Le processus de l'Icann a été critiqué, notamment parce qu'il a obligé des entreprises ou associations à dépenser cher pour s'assurer le contrôle de noms de domaine génériques dans le seul but d'éviter qu'ils soient détournés - ce qu'ont déjà fait de nombreuses universités, par exemple.
D'autres craignent que certains pays bannissent des catégories entières de sites internet sur la base de leur suffixe, créant un risque de "balkanisation" de l'internet.