Le geste est trop rare pour être ignoré: vendredi, le PDG d'Apple Tim Cook a présenté ses excuses aux utilisateurs du dernier système d'exploitation iOS6. L'application de cartographie maison "Plans", qui y supplante Google Maps, cumule des bugs si absurdes (itinéraires insensés, bâtiments volatilisés...) qu'ils sont vite devenus la cible des internautes. Ces derniers leur dédient notamment un faux compte Twitter et un Tumblr.
Pour Eric Dupin, consultant Web et fondateur du site Presse-Citron, en faisant ainsi son mea culpa, Apple a admis un "ratage complet". La marque à la pomme avait pourtant mis les moyens pour concevoir cette application, en collaborant avec le spécialiste de la géolocalisation TomTom, et en acquérant plusieurs sociétés pointues en cartographie, notamment militaire.
Volonté d'indépendance
Beaucoup se demandent pourquoi la marque fondée par Steve Jobs, dont le perfectionnisme confinait à l'obsession, a sorti un système aussi peu abouti. "Apple est allé trop vite, d'autant que son contrat avec Google courait encore pour un an", note Eric Dupin. "L'entreprise a sûrement voulu marquer le coup pour la sortie de l'iPhone 5."
Selon le blogueur, il s'agit toutefois moins d'une décision mégalomane que d'une volonté de s'affranchir de tous les prestataires, en particulier lorsqu'ils sont aussi tentaculaires que Google. Le géant californien a toujours cherché à ne dépendre que de lui-même, en rejetant le Flash player d'Adobe, ou encore en créant son propre marché d'achat de musique avec iTunes.
Identifier les erreurs
La question est désormais de savoir comment le groupe va se remettre dans le droit chemin. Selon des rumeurs persistantes, Apple chercherait à débaucher des spécialistes de la cartographie chez Google pour travailler à sa nouvelle version. Toutefois, pour le fondateur de Presse-Citron, le noeud du problème est surtout d'identifier les défauts du système.
"Faire venir des ingénieurs d'ailleurs ne serait pas forcément nécessaire pour cela. Par contre, il pourrait être utile de faire appel aux utilisateurs pour signaler les bugs" juge Eric Dupin. Le crowdsourcing, c'est déjà sur ce système que repose Google Maps. Mais pour Apple, peu amateur de ce genre de collaborations, il s'agirait d'une entorse à sa philosophie de prescripteur.
Pauline Turuban