L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rejeté jeudi en l'état l'étude sur la toxicité d'un maïs OGM. Cette dernière, publiée mi-septembre, avait fait grand bruit, relançant dans toute l'Europe le débat sur la dangerosité des organismes génétiquement modifiés.
L'EFSA a demandé au professeur Gilles-Eric Séralini, auteur de l'étude, de fournir davantage d'informations d'ici la fin du mois. Le chercheur français a aussitôt annoncé qu'il refusait de s'exécuter, une décision qui risque de sceller le sort de ses travaux.
"Insuffisante" et "inadéquate"
L'avis des experts chargés par l'EFSA d'analyser l'étude est très sévère: "L'article est d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques", ont-ils ainsi jugé. Et d'ajouter que "la conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats".
"Les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l'étude telles que décrites dans l'article impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés", ont-ils conclu. L'EFSA prévoit de publier une seconde analyse, plus complète, d'ici la fin octobre.
La Commission européenne souhaite que la décision finale de l'EFSA soit "inattaquable". Le second examen inclura un résumé des évaluations réalisées par les Etats membres sur l'article, notamment les analyse faites en Allemagne et en France. L'Institut fédéral pour l'évaluation des risques en Allemagne (BfR) a déjà rendu lundi un avis négatif.
Etude accablante
Les recherches effectuées pendant deux ans par l'équipe de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen, soutiennent que des rats nourris avec un maïs génétiquement modifié, le NK603, ont été frappés au bout de 13 mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.
Ses conclusions, si elles étaient validées, remettraient en question tout le processus de validation des études démontrant l'inocuité des semences OGM et les procédures d'autorisation pour la culture et la consommation dans l'Union européenne (UE).
Deux OGM - le maïs MON810 et la pomme de terre Amflora - sont actuellement cultivés dans l'UE et une cinquantaine d'autres, dont le NK603, ont obtenu une autorisation pour l'alimentation animale et humaine.
afp/dk
Les politiques inquiets
Lors de la publication de l'étude, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault avait annoncé que si le danger des OGM était vérifié, la France "défendrait au niveau européen" leur interdiction.
"Si des faits scientifiques nouveaux sont démontrés, nous en tirerons les conséquences", avait pour sa part assuré la Commission européenne.
Les anti-OGM dénoncent l'avis de l'EFSA
L'avis rendu par l'EFSA a déjà relancé l'affrontement avec les anti-OGM.
L'organisation les Amis de la Terre a accusé l'Autorité européenne de "placer les intérêts de l'industrie agroalimentaire et des biotechnologies avant la sécurité des consommateurs".