L'alemtuzumab, un médicament développé à l'origine pour traiter une forme de leucémie et d'autres cancers, apporte des améliorations notables en réduisant le taux de rechutes ou "poussées" de la sclérose en plaques (SEP) par rapport aux traitements disponibles, selon deux études publiées jeudi, menées sur plus d'un millier de patients.
Ces "poussées" ou rechutes, qui se manifestent de façon intermittente par l'apparition ou la réapparition de symptômes (faiblesse musculaire, troubles de la vue, de la sensibilité...) pouvant s'estomper partiellement ou complètement, caractérisent la SEP "récurrente-rémittente". Dans 85% des cas cette maladie neurologique invalidante débute ainsi par poussées intermittentes.
Deux fois moins de rechutes
Dans un essai, des patients sous alemtuzumab ont deux fois moins de rechutes sur les deux ans d'observation (22% contre 40%) que le groupe ayant reçu de l'interféron, le traitement le plus courant de la SEP, note la revue médicale britannique The Lancet, qui publie les deux études. Des résultats similaires ont été obtenus avec le second essai.
Ces résultats "offrent la perspective d'une amélioration significative de la qualité de vie et d'un meilleur avenir" pour les personnes souffrant de sclérose en plaques, estime Alastair Compston. Ce chercheur de l'Université de Cambridge est le principal responsable des deux études.
Résultats "encourageants"
L'alemtuzumab a longtemps été prescrit pour la SEP, en dehors de toute indication autorisée. L'efficacité du médicament, un anticorps monoclonal, se fait toutefois au prix d'effets secondaires sérieux: infections, maladies auto-immunes touchant notamment la thyroïde et chute des plaquettes sanguines, qui requièrent un suivi et une gestion attentifs, selon un éditorial du Lancet.
L'éditorial juge ces résultats "encourageants" mais émet la crainte qu'une autorisation du médicament pour le traitement de la SEP n'entraîne une hausse de prix (lire ci-contre). La sclérose en plaques, une maladie neurologique auto-immune chronique du système nerveux central, touche environ 100'000 personnes en Grande-Bretagne, 80'000 en France et 400'000 aux Etats-Unis.
afp/dk
Des craintes sur une augmentation des prix
"Trouver des traitements prometteurs comme l'alemtuzumab est important" estime The Lancet, mais il faut aussi s'assurer que le médicament "reste accessible et abordable" si ces premiers succès s'avèrent durables.
Les autorités américaines et européennes autoriseront problablement l'alemtuzumab (nom commercial: Lemtrada) en 2013, selon Genevieve Maul, porte-parole de l'Université de Cambridge.
Le groupe français Sanofi a acquis en 2011 l'Américain Genzyme, détenteur de la molécule commercialisée pour la leucémie sous le nom de Campath.
Le Campath a été retiré du marché et rebaptisé Lemtrada (avec un dosage différent) en prévision de sa commercialisation pour la sclérose en plaques à un prix qui pourrait être plus élevé, selon les analystes financiers.