Portraits de Romands:
Dans "Le 12h30", des personnalités romandes - de l'entrepreneur au sportif d'élite en passant par le politicien - évoquent leur rapport avec le téléphone portable. Comment cet outil a-t-il influencé leur façon de travailler, de communiquer et parfois même de vivre?
Lundi 25.02: Jean-Claude Biver, patron des montres Hublot
"Le portable, c'est une révolution exceptionnelle", n'hésite pas à affirmer le bouillant manager. Son invention, souligne-t-il, a permis un triplement, un quadruplement de la rentabilité des cadres comme lui. "Je suis accroc", poursuit-il, "je le laisse toujours allumé; je ne travaille pas, je suis plus dans une passion. On veut toujours être connecté, c'est le signe du passionné."
Mardi 26.02: Nadine de Rothschild, ambassadrice des bonnes manières
La baronne n'est pas une partisane du téléphone portable. Elle n'appelle jamais ses amis sur leur portable, car ce serait, selon elle, entrer par effraction dans leur intimité. Et elle se déclare "horripilée" par les voyageurs qui passent leur temps à téléphoner dans les transports. Non, décidément, elle estime que le portable est un ennemi des bonnes manières.
Mercredi 27.02: Franz Weber, l'écologiste
Le militant écologiste Franz Weber, 85 ans, a un téléphone portable par altruisme et pour servir sa fondation. Il conçoit l'usage de son appareil comme une responsabilité, pour ne pas dire un devoir. Il se rend joignable pour la bonne cause, même si cela lui coûte. Mais un téléphone suppose aussi des antennes plantées çà et là dans le paysage, et les minéraux extraits des terres rares pour sa fabrication. Question protection l'environnement, on peut faire mieux. Franz Weber en convient…
Jeudi 28.02: Nuria Gorrite, la disponibilité sans l'esclavage
La conseillère d'Etat socialiste vaudoise s'était fait imposer son premier portable, à l'époque, par son président de parti. Elle considère désormais que cela fait partie de sa fonction. "Aujourd'hui, les gens attendent une réponse de notre part extrêmement rapide, ça paraîtrait curieux de fonctionner en dehors de ça". Résultat: son numéro est accessible à tous et elle reste joignable tout le temps au service de la population! Reste la flexibilité de répondre… ou pas!
Vendredi 01.03: Didier Cuche, ancien skieur
L'ancien champion se rappelle de son premier portable, en 1998, et de ses réticences des premiers temps avant… de capituler! Aujourd'hui, cet objet est devenu surtout très pratique, mais le Neuchâtelois aimerait bien débrancher de temps en temps: "Il dort avec moi, il est sur la table de nuit, je le caresse toute la journée!". Aujourd'hui, l'époque où il recevait des centaines de SMS après une course est loin derrière...
Le monde au bout des doigts:
Dans "Le journal du matin", le philosophe Michel Serres, membre de l'Académie française et auteur de nombreux ouvrages notamment sur la communication, apporte son regard sur ce monde technologique en pleine mutation.
Lundi 25.02: décrypter la révolution de l'information
Mardi 26. 02: impact sur nos infrastructures
Mercredi 27.02: démocratie et communication
Jeudi 28.02: communication et communautés
Vendredi 01.03: vers un monde nouveau
Retour sur 30 ans d'évolution
Le premier téléphone portable, le DynaTAC (Dynamic Adaptive Total Area Coverage) de Motorola, a été commercialisé à partir du 6 mars 1983. La société américaine attendait depuis 10 ans une certification de la commission fédérale des communication. Car le tout premier appel lancé avec le prototype de ce même modèle a été effectué en 1973. Deux ingénieurs de la firme considérés comme les pères de cet objet étaient au bout du "fil": Martin Cooper et Joel Engel.
En Suisse, les PTT (ancêtre de Swisscom et La Poste) ont pour leur part lancé la diffusion des téléphones portables en 1987. Les appareils portaient un nom qui est resté dans le langage populaire dans le pays: les Natels. Cette première génération, encore relativement encombrante puisque ressemblant plutôt à une valise (génération C) a duré environ 6 ans, avant de céder la place aux moins encombrants Natels D, bien qu'encore difficile à glisser dans une poche.
Une course à la miniaturisation
L'engouement va réellement gagner la population dans la deuxième moitié des années 90. Les modèles sont devenus très compacts. Les rois du secteurs sont notamment Motorola, Nokia et Ericsson - des fabricants qui se distinguent surtout par la volonté de miniaturisation. Les écrans sont monochromes. Quelques applications sommaires mais utiles existent, comme les jeux (le fameux Snake notamment), le réveil ou la calculatrice. Deux principaux design existent: le téléphone à clapet ou le traditionnel combiné à touches.
Le passage aux années 2000 va être marqué par l'arrivée des écrans couleur, des mélodies polyphoniques et des capteurs photo. Face à ces multiples évolutions technologiques, les responsables des réseaux tentent de suivre le rythme des utilisateurs toujours plus nombreux et gourmands en bande passante. Par ailleurs, l'internet s'est démocratisé sur les ordinateurs et beaucoup rêvent de l'utiliser également sur mobile. Ainsi, un web allégé - le wap - fait irruption. Mais au passage du réseau 3G (UMTS), les téléphones s'émancipent de ce service et commencent à se connecter directement à internet.
L'iPhone a redéfini les codes
2007 marque enfin une étape clé: Apple redéfinit les codes avec l'iPhone, un concentré de technologie qui démocratise les écrans tactiles et le marché des applications. Depuis, la quasi totalité des constructeurs a suivi ce modèle et la course à la miniaturisation a disparu pour proposer des écrans toujours plus grands et définis. Ainsi, aujourd'hui nous sommes bien loin du DynaTAC de 1983: les smartphones sont capables de se subtiliser à un ordinateur, un navigateur GPS, une caméra vidéo... une liste qui pourrait bien encore s'allonger ces prochaines années.
jzim