Avec le soutien de Greenpeace, les apiculteurs suisses ont déposé jeudi une pétition munie de 80'113 signatures exigeant l'interdiction immédiate des pesticides dangereux pour les abeilles. Les paraphes ont été remis jeudi aux autorités fédérales avec une lettre adressée au ministre de l'Agriculture Johann Schneider-Ammann.
Selon les activistes, il est urgent d'agir devant les hécatombes d'abeilles subies par les apiculteurs d'Europe et d'Amérique du Nord. Cela met en danger l'environnement, mais aussi la production alimentaire si les abeilles ne butinent plus sur les plantes, avertissent les pétitionnaires.
Une décision attendue au niveau européen
En janvier, l'Autorité européenne de la sécurité des aliments a admis que les insecticides clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame de la famille des néonicotinoïdes représentaient un danger pour les abeilles. Même une faible dose cause des problèmes de vol et de navigation chez les abeilles, ce qui réduit leurs activités de procréation et de recherche en nourriture.
Utilisés depuis 20 ans pour traiter les semences ou directement épandues sur les plantes, ces pesticides sont cent fois plus toxiques que d'autres insecticides. L'Union européenne décidera sous peu si elle interdit pour deux ans clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame.
Un traitement systématique sur certaines cultures
Greenpeace critique la lenteur des autorités fédérales, à cause de la puissance de l'industrie agrochimique. Selon la chargée de campagne agriculture de Greenpeace Marianne Künzle, ce sont en premier lieu les groupes puissants comme Syngenta ou Bayer qui profitent de la situation.
L'agriculture suisse traite quasiment 100% des semences de colza, 95% de celles des betteraves à sucre, 5 à 10% des semences de maïs et de nombreuses espèces de légumes en néonicotinoïdes.
Outre l'interdiction des produits dangereux, Greenpeace exige que la procédure d'homologation des produits phytopharmaceutiques soit revue et que soit trouvée une stratégie nationale pour réduire l'usage des pesticides dans le pays et une promotion substantielle de l'agriculture biologique.
ats/boi
La moitié des abeilles ont disparu en Suisse
La moitié de la population des abeilles a disparu durant l'hiver dernier, soit quelque 100'000 colonies, selon des chiffres de l'Office fédéral de l'agriculture.
Tous les cantons sont touchés dans une proportion plus ou moins forte.
Financièrement, cette hécatombe représente une perte de 25 millions de francs que les apiculteurs doivent supporter eux-mêmes.
Un parasite, dont le développement a été favorisé par la météo, est essentiellement en cause, mais les pesticides accroissent le phénomène.
La valeur économique de la pollinisation des abeilles est estimée à environ 260 millions de francs par an en Suisse.