Le premier cas de guérison d'un jeune enfant contaminé à la naissance avec le virus du sida (VIH) annoncée dimanche aux Etats-Unis, relance l'espoir de pouvoir vaincre l'infection.
Il ne s'agit pas d'une éradication du virus mais du fait que sa présence est tellement faible que le système immunitaire de l'organisme peut le contrôler sans traitement antirétroviral, ont expliqué les chercheurs qui ont présenté ce cas à la 20e conférence annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) réunie ce week-end à Atlanta (Géorgie).
Prudence de mise
L'enfant avait reçu des antirétroviraux moins de 30 heures après sa naissance. Ce traitement précoce explique probablement sa guérison fonctionnelle en bloquant la formation de réservoirs viraux difficiles à traiter, affirme le Dr Deborah Persaud, une virologue du Centre des enfants de la faculté du centre hospitalier universitaire Johns Hopkins à Baltimore (Maryland, est), principal auteur de cette étude clinique.
Les réservoirs viraux sont des cellules contaminées "dormantes" qui relancent l'infection chez la plupart des personnes séropositives dans les quelques semaines après l'arrêt des antirétroviraux.
Sur les ondes de RTS La Première (voir ci-contre), Bernard Hirschel, ancien responsable de l'unité VIH/sida des Hôpitaux universitaires de Genève, a toutefois appelé à la prudence. "Il est presque impossible d'être certain qu'un un enfant est infecté à la naissance" et il est donc "très difficile de savoir si c'est le traitement qui est responsable de l'absence du virus à l'âge de 2 ans", a expliqué le professeur.
afp/pym
Nouvelles voies
Le cas du jeune enfant apparemment guéri pourrait changer la pratique médicale actuelle en mettant en lumière le potentiel d'un traitement antirétroviral très tôt après la naissance pour ces nouveau-nés à haut risque.
Mais, soulignent ces chercheurs, le premier objectif est la prévention pour empêcher la transmission de la mère à l'enfant.
Les traitements antirétroviraux des femmes enceintes permettent actuellement d'éviter de transmettre le virus à l'enfant dans 98% des cas, précisent-ils.
Elle pourrait bénéficier aux quelques 300'000 enfants nés séropositifs chaque année dans le monde pour la plupart dans les pays pauvres où seulement 60% des femmes enceintes infectées avec le VIH bénéficient d'un traitement anti-rétroviral.
Une seule guérison officielle
La seule guérison complète officielle reconnue au monde est celle de l'Américain Timothy Brown, dit le patient de Berlin.
Il a été déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d'un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le virus de pénétrer dans les cellules.
Cette greffe visait à traiter une leucémie.
Virus indétectable
Dans le cas du nouveau-né, les tests avaient montré une diminution progressive de la présence virale dans le sang du nouveau-né jusqu'à ce que le virus soit indétectable 29 jours après la naissance.
L'enfant a été traité avec des antirétroviraux jusqu'à 18 mois, âge à partir duquel les médecins ont perdu sa trace pendant dix mois.
Pendant cette période il n'a pas eu de traitement antirétroviraux. Les médecins ont procédé alors à une série de tests sanguins dont aucun n'a détecté la présence de VIH dans le sang.