Publié

Quand l'informatique se substitue aux corrections des professeurs

Le logiciel est proposé par la plateforme éducative edX, lancée par le MIT et l'université d'Harward (Boston). [edx.org]
Un logiciel permet la correction automatique des copies / Le 12h30 / 2 min. / le 9 avril 2013
Une plateforme d'enseignement en ligne a présenté un logiciel capable de corriger et d'attribuer une note à n'importe quelle rédaction d'étudiant.

A première vue cela ressemble à un rêve d'enseignant: 2000 copies, mais il suffit de corriger les 100 premières. Un logiciel prend ensuite le relais, en s'inspirant de la méthode d'évaluation de l'enseignant.

Le processus peut également s'appliquer au travail des étudiants, il suffit alors de cliquer sur le bouton "envoyer" sur son ordinateur, pour obtenir une évaluation presque instantanément.

Voilà en gros ce que propose EDX, la plateforme éducative lancée il y a un an aux Etats-Unis par Harvard et le Massachusetts institute of technology (MIT). Le logiciel récemment présenté pourrait d'abord bénéficier aux douze universités qui collaborent à la plateforme, notamment à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Une pétition contre ce programme

Le programme sera ensuite proposé gratuitement à toutes les institutions scolaires ou universitaires qui en feront la demande. Et pourtant, certains se méfient de ce nouveau programme.

Il fait même l'objet d'une violente controverse dans les milieux universitaires américains, une pétition circule pour s'opposer à cette nouvelle méthode. Quelque 2500 personnes ont déjà signé le texte, dont le célèbre linguiste Noam Chomsky.

Le philosophe et linguiste Noam Chomsky. [Nader Daoud]
Le philosophe et linguiste Noam Chomsky. [Nader Daoud]

Dangereux de s'en contenter

Le problème que pointent ces opposants est qu'un ordinateur ne sait pas "lire". Il n'est pas capable de détecter toutes les nuances de la communication écrite. Le bon sens, la force des arguments, les considérations éthiques, l'organisation des idées, tout cela lui échappera, selon eux. Il serait donc dangereux de se reposer sur un programme informatique pour l'évaluation d'un travail universitaire.

Renaud Malik/lgr

Publié

"Comme un avion sans pilote"

Pierre Dillenbourg, responsable de l'enseignement en ligne à l'EPFL, émet lui aussi quelques réserves sur ce programme EDX.

"La vraie fonction d'un logiciel évaluateur serait donc d'appuyer le travail des enseignants, pas de s'y substituer." De la même manière qu'à l'EPFL, les évaluateurs utilisent déjà un logiciel antiplagiat pour noter les travaux des étudiants.

"C'est techniquement faisable, mais socialement assez inacceptable. Un peu comme l'avion sans pilote. Aujourd'hui si les pilotes sont fortement assistés par des pilotes automatiques, mais si on vous dit de monter dans un avion sans pilote, je sais qu'une partie des passagers ne monteront pas à bord."