Conférence à Paris à l'occasion des 30 ans de l'identification du virus du sida
Les grands noms de la médecine sont réunis à Paris pour donner un aperçu optimiste de la lutte contre le sida, lors d'un symposium, 30 ans après l'identification du virus par une équipe de chercheurs français (lire encadré).
"Imagine the Future"
Obtenir une "rémission persistante" qui permettrait aux malades de se passer de traitement est à l'ordre du jour des médecins et des chercheurs réunis du 21 au 23 mai lors de la conférence "Imagine the Future", célébrant cet anniversaire.
"On était très naïfs à l'époque" se souvient Françoise Barré-Sinoussi, codécouvreur du virus. "On pensait: ça y est, on a identifié le virus, on va trouver un traitement, un vaccin et le problème sera réglé, et puis on a vu que c'était plus complexe avec ce virus". Or il n'existe toujours pas de vaccin (voir encadré).
afp/hof
Le sida en quelques chiffres
34,2 millions de personnes vivaient avec le VIH/sida dans le monde en 2011, selon des chiffres d'ONUSIDA, dont plus de 20'000 en Suisse. Ce nombre record est imputable au traitement antirétroviral qui permet de vivre plus longtemps. La plupart vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
6,65 millions de séropositifs ont eu accès à un traitement antirétroviral dans ces pays fin 2010, soit 16 fois plus qu'en 2003.
2,5 millions de personnes ont été infectées par le virus en 2011, soit une baisse de 20% depuis 2001.
3,4 millions d'enfants vivent avec le VIH/sida. Près de 1100 enfants sont infectés chaque jour.
1,7 million de personnes sont décédées de causes liées au sida en 2011, soit une baisse de 24% depuis le pic de 2005.
30 millions de personnes sont décédées jusqu'à présent des suites de la maladie, selon une estimation de l'OMS. Le VIH/sida est la maladie la plus mortelle du mode.
16,8 milliards de dollars, c'est le montant des investissements mondiaux dans la lutte contre le sida en 2011.
Identification du virus en 1983
Le 20 mai 1983, dans la revue américaine Science, l'équipe dirigée par le professeur Luc Montagnier, également Nobel pour cette découverte, révèle un nouveau virus différent de ceux jusque là suspects d'être responsables du syndrome d'immunodéficience acquise (sida).
Isolé à partir d'un patient séropositif, ce virus est baptisé LAV pour virus associé à la lymphadénopathie par allusion au gonflement des ganglions (adénopathie), signe avant-coureur de la maladie.
La révolution des trithérapies
Depuis l'identification du virus du sida en 1983, les choses sont allées très vite. "Jamais on n'avait été aussi vite pour identifier une nouvelle maladie, identifier sa cause, apporter des réponses thérapeutiques et arriver au résultat d'aujourd'hui", résume le Pr Willy Rozenbaum, spécialiste français des maladies infectieuses et cosignataire de l'article de 1983 de l'équipe du professeur Luc Montagnier publié dans Science.
L'arrivée, en 1996, des traitements combinés surnommés trithérapies, a radicalement changé la donne en permettant aux séropositifs dépistés précocement d'avoir une durée de vie équivalente à celle de la population générale, avec un risque de transmettre la maladie extrêmement faible, souligne-t-il.
Toutefois, même si la recherche n'a pas baissé les bras, après 30 ans et des échecs, il n'existe toujours pas de vaccin préventif.