Une équipe de journalistes européens a publié lundi le projet The Migrant Files, qui révèle que plus de 23'258 hommes, femmes et enfants sont "morts aux frontières" de l'Europe entre 2000 et 2013. Ce constat a été résumé sous la forme d'une carte interactive.
Carte des morts aux frontières européennes
Ces chiffres ont été obtenus en vérifiant deux bases de données répertoriant les morts et disparus documentés. La première est celle d'United, qui fédère plus de 550 ONG européennes. Elle recense15'178 victimes, mais n'a pas été mise à jour depuis octobre 2012. La seconde, Fortress Europe, créée par le journaliste italien Gabriele del Grand, dénombre 13'683 victimes depuis 2000.
Lampedusa meurtrière
Selon The Migrant Files, sur les quelque 23'000 victimes, près de 6500 sont mortes au large de Lampedusa, plus de 2500 aux Îles Canaries et plus de 1500 dans le détroit de Gibraltar.
En 2011, une autre carte recensant les causes de décès des réfugiés réalisée par le média en ligne OWNI indiquait que la plupart mouraient noyés.
jvia
Système de surveillance européen
Plus de 360 migrants africains ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation en octobre 2013 au large de Lampedusa, en Italie.
Suite à cette tragédie, l'Union Européenne a lancé officiellement en décembre 2013 son nouveau système de surveillance des frontières extérieures de l'Europe, Eurosur.
Ce système a été conçu pour "réduire le nombre d'immigrants illégaux qui entrent dans l'UE sans être découverts, réduire le nombre de décès d'immigrants illégaux en sauvant davantage de vies en mer (...), en contribuant à prévenir la criminalité transfrontalière".
Les initiants du projet
The Migrant Files est un projet réalisé par plusieurs agences de journalisme de données, telles que Journalism ++ SAS, Journalism ++ Stockholm et Dataninja.
Plusieurs médias y ont également contribué, notamment la Neue Zürcher Zeitung, El Confidencial, Sydsvenkanet et Radiobubble.
Les journalistes indépendants Jacopo Ottaviani et Jean-Marc Manach participent également au projet, de même qu'un groupe d'étudiants d'un laboratoire de journalisme de données à l'université de Bologne, sous la supervision du professeur Carlo Gubitosa.