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La recherche sur Ebola, "pas assez rentable" pour les grands groupes

Un homme suspecté de souffrir d'Ebola est désinfecté par un soignant. [AP Photo/Abbas Dulleh]
Un homme suspecté de souffrir d'Ebola est désinfecté par un soignant. - [AP Photo/Abbas Dulleh]
Pour les grands groupes pharmaceutiques, la recherche sur Ebola n'est pour l'instant "pas assez intéressante financièrement", explique jeudi un expert.

"Les grandes firmes pharmaceutiques s'intéressent particulièrement aux "blockbusters", des médicaments qui pourront rapporter à terme plus d'un milliard de bénéfice", explique jeudi à la RTS le Dr Christian Lach de la société suisse Adamant, spécialisée dans les investissements biomédicaux.

Alors que la lutte contre Ebola s'organise en Afrique de l'Ouest et au sein de la communauté internationale, les principales sociétés pharmaceutiques se détournent traditionnellement de la recherche sur les maladies tropicales.

Une question de rentabilité

"Les grandes sociétés se focalisent sur les maladies propres aux pays industrialisés, comme les maladies cardio-vasculaires, neurologiques ou les cancers. Pour l'instant, le virus Ebola est trop local pour les intéresser. C'est une question de rentabilité. Une thérapie comme un médicament ou un vaccin coûtent très cher à développer", poursuit le Dr Christian Lach.

"Sans aide des gouvernements, les grandes firmes ne développeraient pas de tels traitements de leur propre chef", souligne-t-il.

Sociétés suisses en retrait

Signe de ce manque d'intérêt, aucune société suisse n'a communiqué à ce jour sur le développement d'un traitement contre le virus Ebola. Novartis reste quant à elle évasive quant à son investissement dans la lutte contre l'épidémie.

"Comme des cas d'urgence de santé publique précédents, nous apportons un soutien scientifique visant à enrayer l'épidémie actuelle", a précisé Novartis.

L'exemple du sérum Zmapp

"En revanche, le développement d'un traitement pour Ebola est intéressant pour les petites entreprises biopharmaceutiques ou les instituts d'Etat. Dans ce cas, les perspectives de bénéfice s'élèvent au moins à 50 millions de dollars", relève le Dr Christian Lach.

Le sérum ZMapp, l'un des traitements expérimentaux prometteurs pour Ebola, a d'ailleurs été développé par une société privée californienne Mapp Biopharmaceutical. Mais ses stocks sont épuisés.

L'entreprise basée à San Diego bénéficie aujourd'hui d'une aide du gouvernement américain de 42,3 millions de dollars pour développer son sérum.

Côté suisse, l'Office fédéral de la Santé publique (OFSP) relève que la Confédération ne finance pas la recherche spécifique sur les médicaments Ebola.

Mélanie Ohayon

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Miser sur des traitements existants

Au-delà des contraintes économiques, les grandes firmes pharmaceutiques ont intérêt à miser sur des traitements en cours de développement, la mise en place d'un nouveau vaccin ou d'un nouveau sérum étant longue et onéreuse, comme l'explique Manuel Schibler, responsable adjoint au laboratoire de virologie des HUG.

"Au vu de l'urgence de la situation, il ne faut pas chercher à développer de nouvelles molécules. Des vaccins et des traitements prometteurs qui ont été testés sur des animaux existent. Il s'agit maintenant de les tester sur l'homme", note-t-il.