Co-découvreur du virus, le Belge Peter Piot pense que les autorités ont tardé à réagir face à la flambée d'Ebola parce qu'on "a sous-estimé l'épidémie, puis il y a eu des lenteurs bureaucratiques".
Même s'il connaît bien le virus, il a lui-même été surpris par l'ampleur de cette épidémie dont les épisodes précédents touchaient "en général une localité". L'épidémie actuelle a fait plus de victimes que toutes les précédentes réunies.
La pauvreté, terreau fertile
Selon le médecin, le virus a trouvé un terreau "très fertile de pauvreté". Par exemple, le Liberia ne comptait que "51 médecins pour tout le pays en 2010", explique-t-il. Pour le constater, l'équipe de 36.9° s'est rendue à la frontière entre la Guinée-Conakry et le Liberia, non loin de la Sierra Leone.
Là, les images du combat que livre Médecins sans frontières à Ebola sont édifiantes. Dans un centre de traitement, l'afflux de nouveaux malades menace de déborder l'équipe et les infrastructures en place.
Le reportage dans son intégralité:
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La découverte du virus
En 1976, Peter Piot avait 27 ans quand il a reçu, dans un thermos, en Belgique, un échantillon provenant d'une religieuse victime d'un virus au Congo.
L'échantillon avait voyagé sur un vol de ligne normal, puisque l'on pensait qu'il s'agissait de la fièvre jaune. Après analyse, la souche s'est avérée bien différente et plus dangereuse que prévu. Il a alors fallu l'évacuer vers un laboratoire mieux équipé.
Le docteur Piot a ensuite dirigé l'ONUSIDA, avant de devenir directeur de l'Institut d'hygiène et médecine tropicale a Londres.
Le bilan s'alourdit
Le bilan de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest continue de s'alourdir avec 2622 morts et 5335 personnes contaminées en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, a affirmé jeudi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le précédent bilan datant de la fin de la semaine dernière faisait état de 4963 cas avec 2453 morts, soit en quelques jours 372 cas et 169 morts de plus.
L'augmentation du nombre de cas au Liberia est provoquée surtout par la propagation de la fièvre dans la capitale Monrovia, a souligné l'OMS.