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Des chercheurs inquiets de la place d'Ebola face à d'autres maladies

La recherche sur Ebola se fait-elle au détriment d'autres maladies ou pandémies plus meurtrières? [AP/Keystone - Bullit Marquez]
Des chercheurs s'inquiètent de la place d'Ebola face à d'autres maladies / Audio de l'info / 1 min. / le 31 octobre 2014
Alors que l'épidémie d'Ebola mobilise autorités sanitaires, chercheurs et médias, certains scientifiques craignent désormais que l'urgence face au virus pénalise la recherche concernant d'autres maladies.

La crise liée à la propagation du virus Ebola, qui domine les médias, a mobilisé des efforts inédits pour trouver un traitement. Mais certains scientifiques craignent désormais que l'urgence médiatique dicte l'agenda de la recherche et qu'Ebola fasse de l'ombre à d'autres maladies bien plus meurtrières.

Alors que tout le monde ne parle que d'Ebola, le docteur Christian Burri est venu ces jours à Genève pour une réunion sur une autre maladie qui frappe l'Afrique: la bilharziose, qui ferait environ 200'000 victimes par an selon les estimations.

Ce professeur de l'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) à Bâle ne minimise pas la crise d'Ebola mais craint que les rares fonds dédiés à la recherche sur d'autres maladies comme la bilharziose soient détournés vers Ebola. Des priorités ont déjà changé, constate-t-il sur la base d'un exemple concret. Et si l'épidémie continue son expansion, "dans 2-3 ans, on va voir un impact sur les autres maladies" estime le scientifique.

"Dramatisation à relativiser"

Interrogé également vendredi dans Le Journal du matin de la RTS, Francesco Panese, anthropologue, sociologue et professeur de sociologie des sciences à l'Université de Lausanne, reconnaît face à Ebola que "l'effet médiatique tend à une dramatisation (…) qu'il faut relativiser quand on sait que cela fait plus de trente ans qu'on connaît ce virus." Et de rappeler la fracture nord-sud qui existe aussi sur ces questions: "On a encore cette mauvaise habitude de s'inquiéter d'un problème à partir du moment où il rejoint le monde occidental".

Or, rappelle le scientifique, "on n'est jamais à l'abri d'une épidémie planétaire, parce qu'on a inventé la mondialisation matérielle".

L'interview de Francesco Panese:

Francesco Panese. [epflpress.org]epflpress.org
Interview de Francesco Panese, professeur de sociologie des sciences / Audio de l'info / 9 min. / le 31 octobre 2014

Jordan Davis/oang

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