Un changement d'alimentation pourrait être bénéfique à des patients atteints de certains types de cancer du poumon, du pancréas ou du colon, révèle jeudi une étude de chercheurs de l'Université de Genève, publiée dans la revue Cell Metabolism.
Les scientifiques se sont penchés sur les effets engendrés par un changement d’alimentation, passant d’un régime hypocalorique à un régime hypercalorique.
Étonnamment, ils ont découvert qu’une alimentation riche en calories pouvait avoir une action anti-tumorale puissante, si le changement de régime alimentaire a lieu avant l’apparition de la tumeur. À l’inverse, si une alimentation riche en calories est adoptée après l’arrivée du cancer, elle favorise alors la croissance de la tumeur et aggrave le pronostic.
Moment du changement crucial
C’est donc le moment auquel s’opère le changement d’alimentation qui est crucial. L’effet inhibiteur ou stimulant n’est pas dû à l’alimentation en elle-même, mais aux changements métaboliques qui en découlent.
sbad
Essais cliniques à venir?
Bien souvent, les traitements contre le cancer tuent indifféremment les cellules malades et les cellules saines.
Les scientifiques ont identifié une protéine particulière, FKBP10, qui se modifie considérablement suite à l’adoption d’une alimentation hypercalorique.
Un inhibiteur de FKBP10 agirait par conséquent comme un agent thérapeutique capable de freiner de façon ciblée la prolifération des cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines du poumon.
"Nous pourrions développer de nouvelles thérapies capables de freiner la prolifération des cellules cancéreuses sans pour autant nuire aux cellules saines. Les effets secondaires devraient être minimes, car cette protéine ne s’exprime pas dans les tissus sains, du moins à l’âge adulte", conclut Roberto Coppari, qui estime que, si les données précliniques satisfont ses attentes, des essais cliniques pourraient voir le jour dans quelques années.
Nouvelles approches thérapeutiques
Contrairement aux tumeurs causées par d’autres oncogènes, les tumeurs générées par le gène KRAS - une mutation oncogénique fréquente dans les cancers du poumon, du pancréas et du colon - sont connues pour leur sensibilité aux régimes hypocaloriques.
"Mais ne nous méprenons pas ; notre étude ne montre pas qu’une alimentation hypercalorique peut protéger les gens contre le cancer du poumon".
"Mais l’impact d’une alimentation riche en calories nous a permis de découvrir un mécanisme moléculaire très spécifique, qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques", souligne Giorgio Ramadori, le premier co-auteur de l’étude avec Georgia Konstantinidou.