Télévision connectée obéissant à la voix, frigo, four, lave-linge et cuisinière intelligents ou encore robot répondant à toutes vos questions: la domotique, ou l'électronisation et l'automatisation de son habitat, est en passe de se normaliser. Le télécran imaginé par George Orwell dans "1984" a rejoint la réalité.
Le dernier salon de l'électronique de Las Vegas a dévoilé les tendances en la matière en janvier dernier. Mais tous ces objets reliés à internet, exploitant diverses données personnelles, ne sont pas sans poser des questions au niveau de la sécurisation de ces informations.
Quand la télé vous écoute
Dernier exemple en date: la TV connectée de Samsung peut enregistrer les conversations de ses utilisateurs, ont révélé plusieurs médias anglophones cette semaine.
Le téléviseur offre en effet la possibilité d'être commandé par la voix. Lorsque Samsung a mis à jour ses conditions de confidentialité (y compris pour la Suisse), des consommateurs ont été scandalisés d'apprendre que les conversations tenues à portée du poste pouvaient être enregistrées et transmises à un tiers.
"Veuillez noter que si vos propos contiennent des informations sensibles, personnelles ou autres, ces informations seront parmi les données saisies et transmises à un tiers par l'utilisation de la reconnaissance vocale", écrit Samsung Suisse sur son site.
Phénomène identique pour tout objet à commande vocale
La société sud-coréenne explique qu'elle utilise des méthodes de cryptage qui assurent la sécurité des données de ses clients. Mais elle ne précise pas combien de temps la société tiers, Nuance, conserve les données ou si les clients peuvent demander leur suppression.
Des experts en cybersécurité, interrogé par le site Atlantico, estiment toutefois qu'il s'agit d'un faux débat puisque tous les objets et sociétés utilisant la reconnaissance vocale sont soumis aux mêmes conditions. Apple, Google et Microsoft traitent eux aussi avec Nuance en leur livrant des données vocales enregistrées.
80 milliards d'objets connectés en 2020
Les utilisateurs de TV connectée peuvent toutefois désactiver la fonction de récolte d'information sur leur téléviseur. Problème: les consommateurs sont souvent très mal renseignés sur les possibilités de programmation de leurs appareils, comme le révélaient des journalistes novégiens l'été passé.
D'ici 2020, plus de 80 milliards de produits seront ainsi connectés à internet, estiment les experts de l'IDATE, une société de consulting spécialisée dans l'électronique. En 2012, 15 milliards d'objets étaient déjà connectés à internet contre 4 milliards en 2010.
Outre le téléviseur, le frigo, le four, le lave-linge, ou la balance pourront échanger des informations entre eux. Les robots ou assistants personnels chapeauteront le tout, devenant presque un membre de la famille comme le présente Amazon pour Echo, son robot capable d'entendre en permanence tout ce qui se passe dans la maison (voir la vidéo dans l'infographie ci-dessous).
La quantité et la variété des informations enregistrées sont donc toujours plus importantes. Et même si les lois de protection des données posent un cadre légal stricte, les dérives via des logiciels mal intentionnés ou des cybercriminels n'excluent pas la fuite et l'utilisation malveillante de ces données personnelles.
Sophie Badoux
Précédent chez LG en 2013
Fin 2013, un autre "scandale" lié à la récolte d'informations des nouvelles télévisions connectées avait concerné l'entreprise LG. Un Anglais avait découvert que le flux capté par son téléviseur et envoyé à des serveurs externes ne comprenait pas seulement les programmes visionnés sur son écran mais aussi le contenu de lecteurs amovibles, comme des clés USB, branchés sur la télévision.
Le constructeur avait assuré avoir immédiatement lancé une mise à jour de son logiciel afin de supprimer le problème.