"Cette étude met en lumière la vitesse inquiétante avec laquelle la résistance à l'artémisinine apparaît ou s'étend", souligne Philippe Guérin directeur du réseau anti-malaria WWARN (Worldwide Antimalarial Resistance Network) et l'un des auteurs de ce travail publié dans The Lancet Infectious Diseases.
Le paludisme causé par des parasites transmis par des moustiques, est un fléau mondial qui touche près de 200 millions de personnes chaque année et tue environ un demi-million d'individus, principalement des enfants en Afrique, selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Marqueurs génétiques
L'étude a porté sur la recherche de marqueurs génétiques qui chez le principal parasite responsable, le plasmodium falciparum, signent une résistance potentielle aux traitements par artémisinine.
Résultat inquiétant: sur 940 échantillons provenant de 55 centres de traitement birmans de la maladie, 39% présentaient un de ces marqueurs (en l'espèce une mutation sur le gène K13).
afp/olhor
Danger d'une extension à l'Inde
Dans une région proche de la frontière avec l'Inde, le taux d'échantillons présentant le marqueur de résistance au traitement monte à 47%.
Une extension à l'Inde de la résistance à l'artémisinine poserait une problème majeur en terme d'éradication et de contrôle de la maladie, souligne la revue médicale britannique.
Actuellement, les cocktails de médicaments à base d'artémisinine (CTA) sont les traitements de référence et les progrès dans la lutte contre la malaria de ces dernières années "doivent beaucoup aux CTA" estime l'OMS.
Aussi "l'émergence d'une résistance à l'artémisinine est un problème de santé publique urgent qui menace de faire échouer l'action menée au niveau mondial" contre la maladie, souligne l'Organisation.