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L'apnée du sommeil, un phénomène grave et plus fréquent que prévu

Extrait
L'apnée du sommeil touche un homme sur deux et une femme sur quatre / L'actu en vidéo / 1 min. / le 4 mars 2015
La moitié des hommes et un quart des femmes de 40 à 85 ans souffriraient d'apnée du sommeil, bien plus que ce qu'on imaginait, selon une étude récente menée à Lausanne. Tour d'horizon du phénomène en cinq questions.

Qu'est-ce que l'apnée du sommeil?

Le syndrome d'apnées du sommeil est un phénomène d'arrêt respiratoire durant le sommeil qui dure au moins 10 secondes. Cette limite a été fixée de manière arbitraire, explique le Dr Heinzer, médecin au CHUV à Lausanne, dans l'émission 36.9° de la RTS.

Chez la plupart des sujets concernés, les apnées durent 15 à 20 secondes, mais elles peuvent atteindre deux minutes. Elles se répètent jusqu'à 60 fois par heure.

Ce trouble nuit gravement au repos de la personne qui en souffre. Le stade du sommeil profond, réparateur, qui permet au cerveau de se reposer, n'est par exemple jamais atteint. Au réveil, le sujet est très fatigué, faible, avec l'impression d'avoir dormi beaucoup moins que prévu.

Comment expliquer le phénomène?

Durant la journée, l'action des muscles qui entourent le pharynx permettent de dégager les voies respiratoires. Durant le sommeil, ces muscles se relâchent. En cas d'apnée, le relâchement est trop important.

Le risque d'apnée du sommeil augmente en fonction de l'obésité, de la graisse autour du cou et de l'âge. Toutefois, même les personnes jeunes et minces peuvent en souffrir. Cela peut s'expliquer par un trouble du contrôle des muscles qui maintiennent la gorge ouverte ou par une structure osseuse défavorable.

L'apnée du sommeil est-elle fréquente?

Jusqu'à présent, on pensait que seuls 2% à 4% de la population souffrait d'apnée du sommeil. Des chiffres remis en cause par une étude récente conduite par le Dr Heinzer du Centre d'investigation et de recherche sur le sommeil du CHUV.

Quelque 2000 volontaires en bonne santé ont été équipés d'une installation mobile pour évaluer la qualité de leur sommeil. Près de la moitié des hommes âgés de 40 à 85 ans souffraient d'apnée du sommeil à un certain degré, selon cette étude. Chez les femmes de la même tranche d'âge, l'apnée touche environ un quart des volontaires.

Le sous-diagnostic s'explique en partie par un déficit au niveau de la formation des médecins. Le diagnostic est par ailleurs difficile à poser car les symptômes de l'apnée du sommeil peuvent être confondus avec ceux d'autres pathologies, par exemple la dépression.

Quels sont les risques?

La multiplication des arrêts respiratoires, de la baisse du taux d'oxygène dans le sang et des micro-réveils - conséquences de l'apnée du sommeil - représentent un stress majeur pour le coeur et le cerveau. Cela conduit à un risque important d'accident vasculaire-cérébral (AVC), d'infarctus, de diabète, ainsi que des troubles sexuels et des démences.

L'apnée du sommeil non traitée modifie la morphologie du coeur. A long terme, ces modifications de structure sont probablement responsables d'une tendance à développer des arythmies cardiaques.

Par ailleurs, une baisse des performances intellectuelles, notamment en termes de concentration et de mémoire, peut être constatée, tout comme une tendance à s'endormir de manière involontaire. Cela peut avoir des conséquences graves. Des études européennes affirment ainsi que 22% des accidents sur autoroute sont dus à la somnolence.

Françoise Ducret/dk

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Quels sont les traitements de l'apnée du sommeil?

La ventilation en pression positive continue (CPAP) est le traitement de base pour l'apnée du sommeil. Il s'agit d'une machine qui injecte de l'air et maintient ainsi les voies respiratoires ouvertes pendant la nuit. Les nouvelles générations d'appareils sont silencieuses. Toutefois, tout le monde ne supporte pas cette machine.

Une nouvelle thérapie vient d'être homologuée. Elle consiste à implanter un pacemaker respiratoire, qui produit un stimulus électrique destiné à ouvrir la gorge. Ce traitement n'est pas encore officiellement remboursé. Les caisses pourraient payer cette thérapie au cas par cas.

D'autres solutions existent encore, comme une gouttière à porter la nuit qui avance les mandibules, voire une opération de chirurgie destinée à avancer la mâchoire.