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Derrière l'électronique de Samsung, des ouvriers gravement malades

Les familles d'anciens ouvriers de la firme sud-coréenne malades ou décédés se réunissent chaque année pour manifester devant le siège de Samsung à Séoul. [REUTERS/Lee Jae-Won]
Les familles d'anciens ouvriers de la firme sud-coréenne malades ou décédés se réunissent chaque année pour manifester devant le siège de Samsung à Séoul. - [REUTERS/Lee Jae-Won]
Alors que Samsung a lancé vendredi la vente de son nouveau smartphone en Suisse, A Bon Entendeur a enquêté sur les dessous de l'industrie de l'électronique. En Corée du Sud, des centaines d'ouvriers sont gravement malades.

Samsung a lancé la commercialisation en Suisse de deux nouveaux modèles de smartphone depuis vendredi: le Galaxy S6 et son pendant haute résolution, le S6 Edge. Mais quel est le prix à payer pour les ouvriers qui fabriquent ces puces électroniques ou composants semi-conducteurs sans lesquels les objets électroniques ne pourraient pas fonctionner?

A Bon Entendeur s'est rendu en Corée du Sud à la rencontre d'ouvriers de Samsung, deuxième producteur mondial de semi-conducteurs derrière l'Américain Intel, dont des dizaines ont développé des cancers et des maladies graves après avoir travaillé avec de dangereux produits chimiques.

Toujours malade

Hye-Kyung Han en témoigne. Elle est entrée chez Samsung en 1995 pour travailler au soudage des circuits imprimés et à la production des composants semi-conducteurs. En 2005, à l'âge de 27 ans, on lui diagnostique une tumeur au cerveau.

"Deux ans après avoir commencé à travailler pour Samsung, elle tombait souvent malade et n'avait plus ses règles, raconte sa mère qui l'accompagne aujourd'hui dans son combat contre l'industrie.

On ne nous a jamais informé de la dangerosité des produits chimiques et de la manière de se protéger

Hye-Kyung Han, ancienne ouvrière de Samsung atteinte d'une tumeur au cerveau

A la suite de leur mobilisation avec une association d'anciens ouvriers du secteur tombés malades, Samsung a présenté des excuses partielles en mai 2014 et a lancé un processus d'indemnisation.

Plus de 320 ex-travailleurs de Samsung et d'autres fabricants d'électronique se sont inscrits comme membres de l'association depuis sa création il y a sept ans. Parmi eux, 124 sont déjà décédés.

Indemnisations réduites

Les troubles relatés par les victimes qui témoignent à la RTS sont divers: leucémie, cancers de tous types mais surtout tumeurs cérébrales ou cancers du sein, fausses couches et stérilité ainsi qu'enfants naissant avec des maladies rares.

Des études scientifiques ont clairement établi des liens entre les produits chimiques utilisés et les maladies reproductives. Elles ont aussi constaté un risque excessif pour les lymphomes non-hodgkiniens, pour les cancers du cerveau, du sang et du sein.

Samsung, qui n'a pas souhaité s'exprimer dans le reportage d'ABE, refuse cependant toujours d'admettre qu'il existe un lien direct entre les conditions de travail et les maladies contractées par ses employés. Le groupe indique qu'il n'y a pas de plus forte prévalence de ces cancers chez ses ex-employés que dans la population.

Dès 2011, des tribunaux sud-coréens ont statué en faveur de l'indemnisation d'une douzaine de malades. L'an dernier, un député d'opposition, Sim Sang-Jeung, avait aussi exhorté le gouvernement sud-coréen et Samsung à prendre des mesures en faveur des victimes et à instaurer des mesures de prévention dans ses usines de production. Dans une résolution, il expliquait que 114 sur 243 ouvriers recensés étaient tombés malades depuis 1990 après avoir travaillé à la production de semi-conducteurs chez Samsung.

Les politiques de droit du travail de Samsung ont d'ailleurs récemment été épinglées par le rapport d'Action de Carême et de Pain pour le prochain en Suisse. Celui-ci classait les marques de téléphones portables selon leur éthique. Samsung était 7e sur 10.

>> Revoir à ce propos le sujet de Nouvo :

Un rapport classe les smartphones par rapport aux exigences morales du fabricant
Un rapport classe les smartphones par rapport aux exigences morales du fabricant / 19h30 / 2 min. / le 11 septembre 2014

Malgré cela, la question de la reconnaissance et de l'indemnisation reste délicate.

Seules 3 victimes sur 10 rempliraient les critères très strictes d'indemnisation indiqués par la firme, a récemment révélé le magazine d'information sud-coréen Hankyoreh21.

>> Le reportage complet est diffusé dans A Bon Entendeur, à 20h10 sur RTS Un

Sophie Badoux

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Samsung contre Apple, la bataille continue

Devenu numéro un mondial des smartphones à l'automne 2011, Samsung est depuis le quatrième trimestre 2014 au coude à coude, voire dépassé, par Apple selon les enquêtes.

Fin 2013, Samsung régnait avec 29,5% du marché, devant les 17,8% d’Apple. Un an plus tard, c’est la firme de Tim Cook qui est passée devant (20,4%), Samsung reculant sous les 20% (19,9%), selon les données du cabinet de recherche Gartner, relatées dans Le Temps samedi.

Avec son nouveau modèle Galaxy S6, Samsung est convaincu d'avoir trouvé la parade à l'immensément populaire iPhone 6. D’après plusieurs analystes, Samsung devrait écouler entre 50 et 55 millions de smartphones S6 cette année.

Samsung dévoile rarement ses ventes chiffrées mais le S4, lancé en 2013, est pour l'instant le smartphone le mieux vendu du groupe, avec 70 millions d'unités écoulées. Ses ventes se sont effondrées en 2014 avec la sortie du S5 et il a annoncé fin janvier la première baisse de son bénéfice net annuel en trois ans.

En 2014, le groupe sud-coréen avait affiché un résultat net de 19,5 milliards de francs, en baisse de 23,2% sur un an. Le chiffre d’affaires avait quant à lui reculé de 10%. Samsung a avertit ses actionnaires que son bénéfice net risquait de reculer de 30% lors du premier trimestre de 2015, notamment à cause de la dure concurrence de la montre connectée d'Apple.