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Cures de jouvence douteuses en Suisse: l'offre ne tarit pas en Chine

Des sites chinois proposent toujours ce type de cures, notamment à base de cellules de fœtus de mouton. [Fotolia - Paul Fleet]
Cures de jouvence douteuses en Suisse: l'offre ne tarit pas en Chine / Le Journal du matin / 6 min. / le 2 juin 2015
Pourtant dans le collimateur des autorités sanitaires suisses, certaines cures de jouvence pratiquées dans des cliniques helvétiques continuent d'être proposées en Chine, selon l'enquête de la RTS.

En mars dernier, Swissmedic, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et les cantons ont lancé conjointement des poursuites contre plusieurs entités soupçonnées de proposer des thérapies anti-âge à base de cellules animales soumises à de très strictes autorisations. Elles n'ont jamais été approuvées, mais attirent pourtant chaque année de nombreux touristes chinois sur les bords du Léman. Et malgré le rappel à l’ordre des autorités suisses, leur promotion se poursuit sur le web chinois.

Des cures jusqu'à 80'000 francs

Il y a ainsi, encore, des dizaines de sites internet et des dizaines d’agences qui proposent la "Yang Tai Su" - une cure à base de cellules de fœtus de mouton. C’est ce traitement en particulier qui a fait la renommée des cliniques suisses en Chine et c’est un gros marché. Selon les documents que la RTS a pu consulter, les clients chinois paient entre 60'000 et 80'000 francs pour une cure de six jours en Suisse.

Certaines agences chinoises affirment que l’offre est temporairement indisponible ou mise à disposition seulement auprès de leurs clients réguliers - dans l’attente que Swissmedic clarifie la situation. Mais d'autres semblent continuer comme si de rien n’était.

Médecin chef au Département chirurgie esthétique de l’Hôpital de Nankin, le docteur Li Jun s’intéresse à ces cures proposées en Suisse depuis que l’une de ses patientes a fait une allergie après une injection. Et il est persuadé que ces agences vont continuer à exercer. "Elles attendent que cette période de turbulences passe, et elles vont continuer comme avant. Le marché est énorme", souligne-t-il.

Image des cliniques suisses mise à mal

En Chine, des noms de cliniques vaudoises et valaisannes sont en tout cas toujours associés à des traitements à base de cellules de mouton. Leurs noms apparaissent sur des sites miroirs, en mandarin, enregistrés au nom d’entreprises chinoises. Mais difficile de dire quel est le lien réel entre les établissements romands et ces agents chinois.

En revanche, le doute grandit en Chine sur le professionnalisme de ces cliniques suisses et des traitements qu’elles offrent.

Sur son site internet, le Ministère chinois du commerce met d’ailleurs en garde la population contre ces traitements à base de cellules de mouton disponibles en Suisse.

Marc Menichini/Raphaël Grand/oang

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Pas de lenteur des autorités sanitaires suisses

Le Département fédéral des affaires étrangères aurait alerté les autorités sanitaires entre 2010 et 2011.

Mais Peter Balzli, porte-parole de Swissmedic, réfute pourtant toute lenteur. "La loi a été changée en 2010 mais ces dernières années, les autorités cantonales et fédérales ont trouvé de plus en plus d'offres douteuses sur les sites internet des cliniques suisses", explique-t-il. Et c'est en février 2013 que les autorités fédérales et les cantons ont décidé de lancer un plan d'action, entré en vigueur en automne 2014. "Nous avons décidé d'agir avant qu'il y ait des victimes à déplorer", précise Peter Balzli.

Le porte-parole de Swissmedic ajoute que "les cliniques connaissent maintenant le cadre légal, elles doivent le respecter. Personne n'a le droit de vendre ou d'effectuer un traitement illégal. Et si les autorités l'apprennent, cette personne ou cette clinique doit en répondre devant la loi"

Avant cette opération "mains propres", Swissmedic avait engagé des poursuites pénales contre quatre individus pour fabrication, commerce ou importation de produits douteux.

Mais il n'y a pas de nouvelles sanctions pour le moment, ni contre des médecins, ni contre des cliniques. Swissmedic laisse aux quelques entités encore suspectes le temps de s'expliquer - avant peut-être, si un cas grave émerge, d'en référer à la justice.

Swissmedic précise encore ne pas vouloir casser ce marché, car toutes les cliniques qui proposent des thérapies anti-âge ne sont pas hors la loi.

35 médecins ou cliniques auscultés

Avec l'aide des cantons, Swissmedic a identifié 35 entités - médecins ou cliniques - soupçonnées de proposer des cures de jouvence non autorisées. Il leur a été demandé en 2014 de prouver la légalité des thérapies ou des produits utilisés. Et la plupart l'auraient fait, selon Swissmedic.

Approchées par la RTS lors de l'enquête, toutes les cliniques susceptibles de proposer encore ce genre de thérapie ont refusé de s'exprimer.

Très officieusement, on apprend que certaines auraient mis le holà, mais impossible de savoir sur quoi exactement.

Il est tout aussi difficile de trouver des médecins qui pratiqueraient ces thérapies anti-âges sous le manteau.

Reste encore quelques zones d'ombre - notamment pour les cliniques et médecins qui ont modifié leurs pratiques. Certains réinjectent désormais, non pas des cellules animales, mais des cellules humaines. Il s'agit par exemple d'extraire et de traiter les cellules graisseuses avant de les réinjecter (on parle de transplants standardisés). D'autres proposent des extraits de cellules animales mortes, un genre de complément alimentaire.

Mais ces nouvelles thérapies sont elles aussi soumises à autorisation, particulièrement depuis le durcissement de la loi en 2010.