La teneur en THC du chanvre cultivé à fin récréative a sensiblement augmenté. "Le cannabis consommé aujourd'hui n'est pas celui des années hippies", a indiqué Michel Graf.
Et ceci est valable aussi en Suisse, "même si la hausse du taux de THC est moins élevée que dans le reste de l'Europe", a souligné cet expert en addictions et en projets de santé publique.
Selon lui, les jeunes consommateurs ne sont pas forcément à la recherche d'une marijuana plus concentrée. C'est plus le hasard qui les met face à cette substance, a-t-il estimé, en précisant : "Ils n'ont souvent pas de curseur pour déterminer quel est le cannabis le plus fort".
"L'intention fait la différence"
Plus violent, le cannabis peut être plus addictif. Reste qu'"il n'y a jamais eu de véritable séparation entre drogue douce et drogue dure. C'est la manière et l'intention de l'utilisateur qui va faire la différence", a précisé Michel Graf.
"Le mystère du cannabis, mais aussi de n'importe quelle autre substance, c'est la relation que l'individu tisse avec. Certaines personnes arrivent à gérer l'héroïne, tandis que d'autres glissent dans l'addiction avec un peu d'alcool et de cannabis. On ne sait pas encore pourquoi, mais cela dépend de plusieurs facteurs telle que la génétique, l'environnement social, l'estime de soi, la capacité à gérer les frustrations, l'histoire personnelle et la phase traversée".
Dans tous les cas, "quand la substance devient une amie, on risque de s'y accrocher de manière permanente", a prévenu le spécialiste.
Vers une dépénalisation
Michel Graf soutient une réforme de la politique de la drogue, notamment pour mieux contrôler la qualité des produits. Néanmoins, "ce n'est pas la petite Suisse qui va parvenir à casser les reins de la mafia. Il faut un mouvement international", a-t-il conclu.
Le cannabis reste la drogue la plus consommée en Europe. Il représente 80% des saisies, selon un rapport publié jeudi.
bri